«Participez aux réformes», suggère François Boileau aux Franco-Ontariens

4e rapport du commissaire aux services en français de l’Ontario

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Publié 07/06/2011 par Guillaume Garcia

Depuis 2007, le commissariat aux services en français reçoit des plaintes, les étudie, cherche ce qui ne va pas, émet des recommandations et propose des solutions au gouvernement de l’Ontario. Dans son dernier rapport intitulé Un engagement partagé, le commissaire appelle la communauté à se saisir des problèmes en participant activement au processus de renouvellement de la prestation de services du gouvernement.

Lors de cette dernière année, le commissariat a reçu 381 plaintes, soit une augmentation de près de 10% par rapport à l’année précédente. Le commissaire s’en réjouit et annonce même: «On peut en manger plus!»

En mars 2011, le gouvernement de l’Ontario a annoncé son intention de réformer la façon dont il offre ses services à la population et son intention de mettre sur pied la Commission de réforme du secteur parapublic. «Les communautés franco-ontariennes de partout en province devraient se pencher sérieusement sur les meilleures façons d’obtenir des services de qualité et de proposer de les offrir au nom du gouvernement», suggère François Boileau.

Cela voudrait-il dire que la communauté n’est pas assez présente dans les rouages du système?

«Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit! La communauté a déjà ses institutions! Mais le gouvernement va réévaluer comment on donne les services en français et les francophones ont leur mot à dire. Si les résultats comptent, la manière aussi. C’est important que les communautés prennent en main les discussions pour savoir quel niveau de service on veut.»

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En fait le commissaire souhaite que chaque communauté trouve, avec le gouvernement, des solutions locales qui répondent précisément à chaque besoin.

Hearst n’est pas Hamilton et Toronto n’est pas Ottawa. Que chaque communauté se tienne prête à discuter avec le gouvernement de l’Ontario, ce sont elles qui savent le mieux ce dont elles ont besoin. Pour pallier aux difficultés de parler avec les ministères et leurs subdivisions, le commissaire parle depuis un bon moment du fait que l’Office des affaires francophone joue le rôle de coordonnateur lors de projets communs.

Nos écoles
Après la santé l’an dernier, François Boileau s’attache dans ce rapport à étudier de plus près l’éducation en français en Ontario, mais c’est le 20 juin ou la semaine suivante qu’il déposera son constat et ses recommandations sur le manque d’écoles françaises ou les écoles françaises qui débordent, dans les milieux, comme à Toronto, où plusieurs écoles anglaises sont à moitié vides.

Un autre rapport spécial, prévu pour l’automne, sera consacré aux études postsecondaires en Ontario.

Selon le commissaire, le règlement qui régit la marche à suivre pour l’immobilier des écoles en Ontario a été conçu «en fonction d’une décroissance du corps étudiant», ce qui n’est pas le cas des écoles francophones de Toronto.

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Il manque certainement d’écoles francophones en Ontario, mais il n’existe même pas d’université uniquement francophone, seulement deux universités bilingues, deux collèges francophones et un campus bilingue d’une université anglophone. Cette iniquité pousse les francophones à étudier en anglais et donc souvent de commencer à travailler en anglais. Le commissaire lancera donc bientôt son enquête formelle dont les résultats seront connus cet automne.

Une recommandation spéciale du commissaire vise par ailleurs à régler un problème qui existe à Toronto, et certainement ailleurs dans la province, pour les enfants ayant des troubles d’apprentissages et devant bénéficier de dispositions particulières.

De telles institutions n’existent pas en français à dans la Ville Reine par exemple. Le commissaire souhaite que le ministère des Services à l’enfance et à la jeunesse prennent toutes les mesures pour combler ce déficit d’ici la prochaine rentrée scolaire.

Environnement et Énergie

Dans son rapport précédent, le commissaire pointait du doigt la possibilité que la privatisation de services auparavant gouvernementaux et assujettis à la Loi sur les services en français puisse nuire aux francophones.

Dans ce rapport, François Boileau demande à deux ministères, Environnement et Énergie, de changer leurs dispositifs pour que les francophones puissent bénéficier de services en français. Pour le ministère de l’Environnement, la recommandation vise à ce que les francophones aient toute l’information nécessaire, en français, pour participer au programme de recyclage des déchets.

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Pour le ministère de l’Énergie, la recommandation va plus loin et demande une modification de la Loi sur l’électricité pour que l’Office de l’électricité soit assujetti à la Loi sur les services en français quand il est question de communication avec le grand public.

L’an dernier, cette agence avait imprimé cinq millions de livrets de bons de réduction de frais d’électricité en anglais seulement.

Une tête dure

«Dans ce genre de situation, pourquoi les Franco-Ontariens devraient être traités différemment? Ils servent le grand public, ils doivent donner des services en français. La loi, ce n’est pas le seul moyen pour obtenir des choses, mais c’est le meilleur. L’an passé j’en avais déjà parlé sans passer par la loi, mais ça n’a pas marché. Là j’y reviens avec plus de fermeté.»

Qu’on s’y tienne, le commissaire a «la tête dure», comme il aime le répéter!

La plupart de ses recommandations précédentes ont abouti ou sont en passe de l’être, sauf trois d’entre elles. S’il ne se déclare pas optimiste sur une décision concernant ces recommandations, le commissaire a intégré dans son rapport un tableau de l’évolution de ses recommandations en inscrivant de grosses croix noires en face de celles qui n’ont pas abouti! «Je remets les points sur les i, conclut le commissaire.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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