Comme chaque année depuis son institution par la résolution 2142 du 26 octobre 1966 de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les États ont évalué, le 21 mars, chacun à sa manière, les progrès réalisés dans la lutte contre la discrimination raciale.
Rappelons que le 21 mars commémore un sombre jour de 1960 au cours duquel la police de l’Afrique du Sud, lors de l’apartheid, avait ouvert le feu sur des manifestants pacifiques protestant contre les lois «sur la mobilité».
La vie quotidienne était en effet, jusqu’à une date récente, rigoureusement codifiée par des lois précises pour chaque communauté. Le Dr Malan, «père de l’apartheid», justifiait en 1948 le «développement séparé» en ces termes: «La différence de couleur n’est que la manifestation physique du contraste qui existe entre deux modes de vie inconciliables, entre la barbarie et la civilisation, entre le paganisme et le christianisme… Il en était ainsi à l’origine et dans l’ensemble il en est ainsi maintenant».
Relever ce déni d’humanité avait pris, sur le plan normatif, un tournant quand l’ONU adopta la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (résolution 2106 du 21 décembre 1965). […]
Le Canada fut parmi les premiers à signer et à ratifier cet instrument, le 14 octobre 1970. Quel bilan fera-t-on, en 2006? Il y a incontestablement peu à dire car l’article 15 (1) de la Charte canadienne des droits et des libertés est clair. Les faits indiquent toutefois qu’il reste du chemin à parcourir. Ainsi, dans son rapport Un Canada pour tous: Plan d’action canadien contre le racisme, le gouvernement libéral de Paul Martin notait «qu’un sondage Ipsos-Reid, réalisé en 2003 pour le compte du Centre de recherche et d’information sur le Canada et du quotidien The Globe and Mail, indiquait que 74% des Canadiens estimaient qu’il y avait toujours un degré élevé de racisme au Canada».
Plus récemment, dans une étude intitulée Le statut racial et les résultats sur le marché du travail, Leslie Cheung de l’Université Simon Fraser de Vancouver observe que «le fait que les personnes de couleur nées au Canada éprouvent des difficultés sur le marché du travail ne peut s’expliquer uniquement par le manque d’expérience et de titres de compétence acquis au Canada». L’étude était finalisée en octobre 2005.