À la suite de l’excellent article de Paul-François Sylvestre «Affronter la vie sans renier ses racines», (L’Express du 18 juillet), je voudrais observer que le titre du livre de Melchior Mbonimpa fait partie de la littérature africaine.
Birago Diop avait indiqué la place importante que l’Africain accordait aux morts. Ainsi et pour ceux qui seraient intéressés, le titre «les morts ne sont pas pas morts», au delà du nouveau roman, est également celui d’un poème devenu désormais un classique de la poésie africaine. Birago Diop, l’a publié dans Les Contes d’Amadou Koumba en 1947, collection «Écrivains d’Outre-Mer», ed Fasquelle, puis aux éditions Présence africaine en 1960.
Souffles (extraits pp. 173-175):
Écoute plus souvent
Les choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.
Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.