On leur a donné le mariage gai, ils nous ont donné la laïcité…

Échanges Canada-France

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Publié 01/10/2013 par François Bergeron

Le gouvernement français passe régulièrement des «commandes» à ses diplomates en poste à l’étranger. Il n’y a pas si longtemps, c’est à son ambassade au Canada qu’il a demandé d’examiner la législation canadienne sur le mariage gai, en vue d’adopter une loi similaire sur le «mariage pour tous» en France.

C’est ce qu’a mentionné l’ambassadeur de France au Canada, Philippe Zeller, à la tribune du Club canadien de Toronto mardi dernier, pour illustrer un des aspects de son travail et une dimension du riche partenariat franco-canadien.

Les prochains mois seront fertiles en célébrations communes, du centenaire du début de la Première Guerre mondiale au 70e anniversaire du Débarquement lors de la Deuxième, en passant par une visite chez nous du président François Hollande, toujours en «équilibre» entre les filières fédérale et québécoise.

Malgré les différences idéologiques notoires, le président socialiste français s’entend apparemment très bien, sur le plan personnel, avec le premier ministre conservateur canadien.

L’expérience de la laïcité étatique française est scrutée de près par les médias canadiens-anglais depuis le dévoilement, par le gouvernement québécois, d’une Charte des valeurs qui interdirait, comme en France, les signes religieux «ostentatoires» dans la fonction publique. Comme si le gouvernement péquiste avait passé, lui aussi, une «commande» à sa délégation à Paris…

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Influence

La France mène une «diplomatie d’influence», a indiqué M. Zeller à Toronto. Le Canada aussi, d’ailleurs. L’ambassadeur de France fait remarquer que le Canada fait beaucoup plus, de nos jours, que fournir des Casques bleus à des missions d’interposition de l’ONU, intervenant activement en Afghanistan et en Libye, et participant au transport de matériel en appui à l’opération française au Mali.

«Le Canada est en bonne voie de devenir bientôt aussi peuplé qu’un grand pays européen», remarque M. Zeller. Les Français qui voient rarement plus loin que le Québec auraient d’ailleurs avantage, selon lui, à dépasser les «clichés» et à prendre acte de la rapide évolution démographique et économique du Canada, de l’émergence de l’Ouest à la popularité de l’immersion française chez les anglophones, en passant par l’arrivée massive et relativement réussie de 250 000 immigrants de tous les horizons chaque année.

«On n’arrête pas de découvrir le Canada», s’émerveille-t-il.

Un vieux couple

Les rapports entre les deux pays sont déjà nombreux et étroits, la France étant l’un des quatre pays (avec les États-Unis, l’Angleterre et le Japon) avec qui le Canada a noué ses premières relations diplomatiques en tant que nation autonome dans les années 1930. Nous serions déjà un «vieux couple», aurait imagé Lawrence Cannon, notre ambassadeur en France, selon ce que rapporte son homologue chez nous.

700 000 Canadiens visitent la France chaque année et 500 000 Français séjournent au Canada. Mais le «permis vacances travail» pour le Canada est très prisé: déjà 38 000 demandes pour 14 000 permis disponibles.

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Quelque 200 000 Français seraient établis en permanence au Canada, même si les cinq consulats au pays n’en répertorient que 80 000.

Canada-Europe

Le travail de l’ambassadeur Philippe Zeller revêt aussi une dimension européenne, la France demeurant un pilier de l’Union. Cela fait quelques années maintenant que la conclusion d’un accord de libre-échange Canada-Europe est une affaire de «quelques semaines». Mais cette fois, ce serait vrai, annonce-t-il.

Le fromage français au Canada pourrait donc bientôt ne plus être taxé à 250%? Environ 550 entreprises françaises (la pétrolière Total en tête) investissent au Canada, 250 canadiennes en France.

Dans le secteur de la Défense, un blindé français pourrait être choisi pour équiper les Forces canadiennes, une première qui créerait des emplois des deux côtés de l’Atlantique.

La France mène aussi une diplomatie culturelle et scientifique, ayant récemment signé des accords de reconnaissance de thèse et d’échanges avec 19 universités au Canada anglais, principalement en Ontario.

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Après deux ans au Canada (il arrivait d’Indonésie), l’ambassadeur Zeller se dit «impressionné» par la portée du bilinguisme des institutions fédérales, une autre réalité canadienne peu connue en France.

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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