Oliver Schroer, l’alchimiste de l’archet

Une célébration de l’homme et de sa musique à Hugh’s Room

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Publié 12/02/2008 par Dominique Denis

L’œuvre du Torontois Oliver Schroer – violoneux, compositeur, réalisateur de disques et pédagogue – nous renvoie à une vérité fondamentale, mais qui échappe à la majorité d’entre nous: que la musique est partout, attendant d’être cueillie, que ce soit dans le rythme de nos pas sur l’asphalte, le battement de nos cœurs, les modulations de nos conversations intimes. Bien sûr, ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir capter cette musique au vol et de la façonner en quelque chose d’original et d’universel.

Au gré d’une dizaine d’albums aux formes et aux couleurs toujours changeantes, mais qui portent indéniablement la trace de l’ADN musical de leur créateur, la musique d’Oliver Schroer possède trois principales caractéristiques: l’exploration de ce qu’il qualifie lui-même comme «des sons illégaux pour les musiciens classiques», la réappropriation très ludique des idiomes traditionnels d’ici ou d’ailleurs, et l’expression d’une profonde spiritualité, ce qui en fait un baume pour les blessures à l’âme, comme en témoignent ses albums Camino (enregistré dans diverses églises sur le chemin de Compostelle) et, plus récemment, le bouleversant Hymns & Hers.

Par un juste retour des choses pour celui dont l’archet cueille les mélodies au gré des voyages et des rencontres, ce sont maintenant ses complices de musique et de voyage qui convergeront autour de l’œuvre d’Oliver Schroer, le temps de deux concerts qui auront lieu les 18 et 19 février, à Hugh’s Room.

Animées tour à tour par Stuart McLean et Shelagh Rogers de la CBC, ces soirées rassembleront l’élite des musiciens folk et roots canadiens, dont James Keelaghan, Anne Lederman, Anne Lindsay et Chelsea Sleep, de même que l’ensemble Stewed Tomatoes, fondé dans les années 90 par Oliver et le bassiste David Woodhead.

L’importance – et l’urgence – de cette célébration s’explique par les circonstances personnelles d’Oliver: il y a un an, alors qu’il venait de passer le cap de la cinquantaine, il recevait un diagnostic de leucémie.

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Après plusieurs années passées à jouer et enseigner en Colombie-Britannique, Oliver est revenu à Toronto, question d’être plus près de sa famille et de recevoir des soins à l’Hôpital Princess Margaret. Au cours des derniers mois, il a subi pas moins de quatre traitements de chimiothérapie, dont le plus récent, semble-t-il, aurait entraîné la rémission de la leucémie.

Grâce à David Woodhead, son complice musical depuis près de 20 ans, l’organisation des performances que nous entendrons à Hugh’s Room s’est faite dans un délai très bref, ce qui relève du miracle, compte tenu de la complexité de cette musique qui semble parfois indissociable des étranges sonorités émanant de l’instrument d’Oliver.

«Pour moi, Oliver évolue à l’extérieur des grilles de référence habituelles: ses compositions sont très subtiles, avec des métriques et des changements d’accord inattendus», explique Woodhead. «Mais en même temps, il ne s’agit jamais d’un exercice purement intellectuel. Au cœur de sa musique, il y a toujours une forte composante émotionnelle.»

Et il est clair que l’émotion sera au rendez-vous de ces deux soirées, surtout lorsqu’on sait que 18 des membres du groupe Twisted Strings, formé d’étudiants d’Oliver sur la côte ouest, répondront à l’appel.

Après avoir écrit une lettre ouverte aux principaux intervenants sur la scène folk canadienne, ces jeunes violoneux (ils ont entre 10 et 23 ans) se sont vu offrir plusieurs billets d’avion et l’assurance d’être hébergés gratuitement à Toronto.

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En plus de se produire à Hugh’s Room, Twisted Strings jouera pour les patients et le personnel de l’hôpital le mardi 19 février à 12h00, pour ensuite y aller d’une série de performances impromptues – des random acts of violins, comme les qualifie Oliver – dans toutes les stations de métro séparant l’hôpital et l’atrium de Radio-Canada, sur la rue Front, où ils joueront une dernière fois.

«Je vais voir si je peux être à Hugh’s Room. Si possible, je vais jouer en solo, mais aussi avec Stewed Tomatoes et Twisted Strings», affirmait récemment Oliver depuis sa chambre d’hôpital.

«Je suis très ému par toutes ces preuves d’amitié profonde. J’ai vu que j’ai touché les gens, parce que maintenant, ils viennent m’aider, me donner du soutien.»

Olifiddle – concert-bénéfice en célébration de la musique d’Oliver Schroer au Hugh’s Room (2261 rue Dundas Ouest) les 18 et 19 février, 20h30. Billets: 35$ à l’avance, 40$ à la porte. Réservations: 416-531-6604.

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