OGM: seulement 3% du panier d’épicerie

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Le coût et le contenu du panier d'épicerie sont impactés par la pandémie.
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Publié 29/05/2017 par Ève Beaudin

Où sont les OGM dans notre assiette? Les gènes modifiés se cachent-ils dans le tofu, les fraises géantes, les tomates? En l’absence d’étiquetage, un grand nombre de personnes qui entretiennent des craintes à l’égard des OGM tentent de les éviter en se basant sur des informations trop souvent erronées qui circulent sur le web.

Selon un sondage réalisé par Santé Canada en 2016, 78% des Canadiens appuient l’étiquetage obligatoire des OGM et 62% préféreraient acheter un aliment exempt d’OGM s’ils en avaient le choix.

Pour l’instant, l’industrie alimentaire canadienne est libre d’indiquer si ses produits contiennent des OGM ou non. Et cette situation risque de se prolonger puisque, la semaine dernière, les députés fédéraux se sont prononcés majoritairement contre le projet de loi C-291 qui visait à rendre obligatoire l’étiquetage des aliments génétiquement modifiés.

Coton, maïs, canola, soja

Pour bien comprendre la place des cultures OGM dans notre assiette, il est utile de savoir que le coton, le maïs-grains (celui dont on nourrit le bétail), le canola et le soja représentent 99% des OGM cultivés dans le monde.

Ces plantes ont été modifiées génétiquement afin d’être tolérantes aux herbicides, aux insectes ravageurs, ou aux deux. Elles sont majoritairement destinées à l’alimentation des animaux d’élevage, ainsi qu’à l’industrie de la transformation alimentaire.

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Les cultures de fruits et légumes issus du génie génétique sont donc très marginales.

Autorisé mais pas commercialisé?

À l’heure actuelle, treize plantes génétiquement modifiées sont approuvées à des fins de commercialisation par le gouvernement du Canada. En plus des quatre plantes énoncées plus haut, on retrouve des variétés de tomate, de pomme de terre, de courge, ainsi que d’autres végétaux.

Mais attention, ce n’est pas parce qu’une plante génétiquement modifiée est autorisée à la commercialisation qu’elle est commercialisée.

En effet, plusieurs de ces plantes génétiquement modifiées ne se retrouvent pas sur le marché de l’alimentation. C’est le cas notamment des tomates à mûrissement retardé et des pommes de terre résistantes aux insectes qui ont été commercialisées au milieu des années 1990 et retirées du marché quelques années plus tard parce que les consommateurs, les détaillants et les transformateurs alimentaires les avaient boudées.

Fruits et légumes

Sur le site d’OGM Québec, on peut lire que les «pratiques commerciales font en sorte que l’on ne retrouve actuellement pas de fruits GM sur les tablettes des épiceries ou dans les marchés publics québécois».

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Cette information nous a été confirmée par Thibault Rehn, coordinateur à Vigilance OGM, un organisme qui surveille la présence des OGM dans les épiceries québécoises.

Cependant, les choses pourraient changer, puisque deux variétés de pommes résistantes au brunissement — une Golden Delicious et une Granny Smith — ont été autorisées à la commercialisation au Canada, en 2015. «Des producteurs cultivent désormais ces variétés de pommes génétiquement modifiées. Elles pourraient donc se retrouver sur nos tablettes dès l’automne 2017, selon la réception des consommateurs», estime M. Rehn.

La situation est similaire pour les légumes. Les courges et les pommes de terre génétiquement modifiées qui sont autorisées à la commercialisation ne sont pas en circulation, en ce moment. Même le maïs sucré génétiquement modifié (destiné à la consommation humaine) qui a été cultivé pendant une saison par des producteurs en 2014 a été retiré du marché en 2015.

«Les consommateurs ont fait pression sur les détaillants pour qu’ils leur garantissent du maïs sucré sans OGM. Alors, les détaillants ont fait une entente avec les agriculteurs pour qu’ils leur vendent uniquement du maïs sucré garanti sans OGM. Depuis, les agriculteurs n’achètent plus de semences de maïs sucré génétiquement modifiées, parce qu’ils savent que les consommateurs n’en voudraient pas», explique Thibault Rehn.

Étiquette autocollante

Pour repérer la présence d’OGM dans le rayon des fruits et légumes, on recommande souvent aux consommateurs de se référer au code à cinq chiffres indiqué sur l’étiquette autocollante apposée sur les fruits et légumes frais, l’étiquette PLU (price look up).

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Plusieurs articles de magazines ou de blogues affirment qu’un code qui commence par le 8 indique qu’il s’agit d’un fruit ou d’un légume génétiquement modifié, mais cette information est erronée.

Puisque les fruits et légumes OGM sont très rares, le code débutant par le 8 était peu ou pas utilisé par les producteurs. C’est pourquoi, à partir de 2015, l’International Federation of Produce Standards a attribué ce code à des aliments conventionnels.

Pas de tofu «OGM»

Il est courant de lire que le tofu contient du soja génétiquement modifié. «C’est pourtant faux», explique Thibault Rehn.

«Il y a deux types de soja. Celui qui est destiné à l’alimentation des animaux et à la transformation alimentaire est un soja dit ‘sombre’. Alors que pour l’alimentation humaine, c’est le soja ‘jaune’. Or, il n’y aurait pas de soja jaune génétiquement modifié qui soit cultivé ou commercialisé au Canada, selon nos données. C’est pourquoi on peut dire que le tofu est sans OGM.»

Cela dit, un étiquetage en règle des OGM permettrait d’éviter que des informations erronées circulent, poursuit M. Rehn.

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Animaux génétiquement modifiés

À ce jour, les animaux transgéniques n’entrent pas dans l’alimentation humaine, mais les choses pourraient changer sous peu.

Le saumon à croissance accélérée «AquAdvantage», a reçu l’aval de Santé Canada et de l’Agence d’inspection des aliments dernièrement et sa commercialisation a été autorisée en mai 2016. «Selon nos informations», explique Thibault Rehn, «l’élevage de ce saumon devrait commencer sous peu à l’Île-du-Prince-Édouard et on pourrait le voir apparaître en épicerie dès 2018.»

Il pense toutefois que les consommateurs n’en voudront pas et les détaillants non plus, par peur de perdre la confiance de leurs consommateurs.

Lait, viande, œufs

La plupart des animaux destinés à l’alimentation humaine sont nourris de maïs et de soja génétiquement modifiés (GM). Cependant, des études ont démontré que leur digestion fait en sorte qu’on ne retrouve pas de traces d’OGM dans le lait, la viande ou les œufs.

l faut souligner que les animaux d’élevages certifiés biologiques ne sont pas nourris de grains génétiquement modifiés, puisque ce mode d’agriculture les interdit.

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Produits transformés

Finalement, ce sont dans les aliments transformés que l’on retrouve la grande majorité d’OGM, sous forme d’ingrédients comme l’amidon, la farine, les sirops, la lécithine, etc.

Ces ingrédients dérivés du soja, du maïs et du canola sont présents dans des centaines de produits comme les barres tendres, les mélanges à crêpes, les biscuits, les céréales, etc.

«Quels sont les produits transformés qui contiennent des ingrédients issus d’aliments génétiquement modifiés? Impossible de le savoir! C’est pourquoi les consommateurs aimeraient un étiquetage des OGM comme cela se fait dans 64 pays», souligne Thibault Rehn.

Cependant, expliquent les chercheurs, les étapes de transformation (cuisson, extraction, raffinage, etc.) et la digestion éliminent la majeure partie du matériel génétique des produits originaux.

En 2009, une étude publiée par des chercheurs de l’Université Laval a évalué l’incidence des OGM dans les aliments transformés, au Québec. Sur 36 produits susceptibles de contenir des ingrédients issus d’OGM, 55% en contenaient à l’état de traces et 8% en contenaient des teneurs élevées.

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Extrapolant ces résultats, les chercheurs ont conclu que dans un panier d’épicerie normal, rempli de fruits, de légumes, de viandes, de poissons, de produits laitiers et d’aliments transformés, seulement 3% des aliments contiennent des OGM à un niveau supérieur au seuil de tolérance européen de 0,9% — soit celui au-delà duquel la réglementation européenne exige un étiquetage.

Source intéressante

La présence d’organismes génétiquement modifiés dans l’alimentation et l’environnement soulève bien des questions et il n’est pas toujours facile de trouver de l’information qui prend en compte l’état actuel des connaissances à ce sujet.

Le site internet OGM du gouvernement du Québec est une source intéressante pour celui qui veut en savoir plus sur les OGM puisqu’elle tient compte des dernières données en matière de recherche dans ce domaine et tient à jour les informations concernant la commercialisation des OGM.

Auteur

  • Ève Beaudin

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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