Obama: un vote de confiance

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Publié 06/11/2008 par François Bergeron

Barack Obama a été élu parce qu’il inspire la confiance, contre le représentant d’un régime menteur, manipulateur, malintentionné.

Il est jeune mais bien entouré et conseillé, comme le démontre sa formidable ascension, à travers les primaires démocrates contre Hillary Clinton jusqu’à la présidence contre John McCain, résultat d’une campagne électorale professionnelle et innovatrice, qui lui a valu, d’Oprah Winfrey à Colin Powell, des appuis aussi originaux que déterminants.

Ses qualités personnelles, son jugement, son calme, sa décence, son éloquence, à la hauteur de ses ambitions, ont compensé pour un cv plus mince. Il aime, et on aime avec lui, sa femme Michelle et ses deux filles. On sent l’intelligence, la curiosité, le désir sincère d’écouter toutes les doléances et d’entendre toutes les idées.

Paradoxalement, on sent aussi l’humilité face à la tâche immense qui l’attend. On comprend et on admire ses motivations et ses projets, même quand on conteste certains aspects de son programme ou qu’on décèle dans ses discours des hyperboles ou des raccourcis.

Le nouveau président devra remettre l’économie américaine sur ses rails, s’il veut réaliser ne serait-ce qu’une fraction de ses promesses, notamment la généralisation de l’assurance-santé et l’amélioration de la qualité de l’éducation.

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L’action des administrations précédentes – et non le « laisser-faire » comme on l’affirme stupidement dans certains milieux – a grandement contribué à provoquer la crise financière actuelle, et son administration aura maintes occasions de l’aggraver ou de la prolonger, par exemple en gonflant l’endettement du pays ou en érigeant des barrières commerciales.

Son élection, symbolique, historique, pour toutes les raisons que l’on sait, contribue déjà à restaurer un sentiment d’honneur chez les Américains et à réparer leur réputation dans le monde.

Mais Barack Obama devra sortir les forces américaines d’Irak comme promis. Il devra ramener la paix en Afghanistan, où il s’est malheureusement engagé à envoyer davantage de militaires, bien qu’il pourrait aussi offrir une alternative acceptable aux Talibans. Il devra travailler à détendre les relations entre Israël et ses voisins, sources de multiples griefs anti-américains, et plus généralement à réengager les États-Unis dans un processus multilatéral de traitement des grands enjeux mondiaux.

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Avant même que soient connus les résultats des élections du 4 novembre, plusieurs Républicains interviewés sur les plateaux de télévision parlaient de rebâtir leur parti qu’ils savaient battu, déconnecté des besoins et des aspirations de la majorité des Américains, incompris des femmes, ignoré des jeunes, détesté par les minorités, dépassé par l’Internet et la modernité en général.

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Il faut rassembler à nouveau la coalition de Ronald Reagan, a-t-on suggéré: les « conservateurs sur l’économie », les « conservateurs socio-religieux » et les « conservateurs sur la sécurité nationale ». Comme si ce n’est pas ce qu’on venait de connaître pendant huit ans et que promettait encore le faux « maverick » John McCain.

Loin d’être la recette du succès, les Républicains ont justement été rattrapés par les contradictions entre ces trois « conservatismes ».

Contradictions entre l’économique et les deux autres d’abord, si « conservatisme économique » signifie ici promotion des libertés, équilibre budgétaire et réduction de la bureaucratie. La criminalisation de l’avortement ou la censure des médias, l’invasion de la religion dans la sphère publique, de même que les guerres tous azimuts, la paranoïa et les mensonges, ne reposent pas sur les principes du « conservatisme économique » – principes vantés dans les discours républicains mais qui, de Reagan à Bush, sont invariablement abandonnés par les administrations républicaines. Ces deux autres « conservatismes », social et sécuritaire, procèdent au contraire d’un puissant État interventionniste.

Contradictions entre le socio-religieux et la sécurité nationale ensuite, car la politique étrangère devient détraquée par les prédictions bibliques et les fantasmes sur le rôle et la destinée des autres peuples et religions.

Pour espérer reprendre le pouvoir, les Républicains doivent retrouver une cohérence entre: d’une part, leur respect pour l’entreprise privée et leur préférence pour les gouvernements minimalistes; d’autre part, une moralité à promouvoir (s’il le faut…) par la conversation et non par la coercition; et, finalement, une vraie sécurité, celle qui vient d’une politique étrangère qui entretient les alliances au lieu d’inventer de nouveaux ennemis.

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Bob Rae, député du centre-ville de Toronto, a déjà confirmé qu’il sera candidat à la direction du Parti libéral du Canada, suite à la démission de Stéphane Dion. Il affrontera sans doute à nouveau son ancien coloc de collège Michael Ignatieff, député d’Etobicoke. Le congrès aura lieu à Vancouver du 27 avril au 3 mai 2009.

L’ancien ministre John Manley était intéressé mais, après réflexions et consultations, a choisi de ne pas s’y aventurer. L’ancien Premier ministre du Nouveau-Brunswick Frank McKenna, devenu banquier, a pris la même décision.  

La dernière fois (2006), plusieurs « petits » candidats plus ou moins qualifiés, plus ou moins bilingues – parmi lesquels on rangeait Stéphane Dion au début! – ont détourné l’attention et empêché les « gros » d’articuler une vision permettant d’impressionner les Libéraux et, sur cette lancée, de mobiliser une majorité de Canadiens. 

La déconfiture de Stéphane Dion au Canada et le triomphe de Barack Obama aux États-Unis ont permis de constater, si besoin était, l’utilité de l’éloquence, que ce soit dans un salon avec dix électeurs, en tête-à-tête avec un journaliste ou à la tribune devant les foules, permettant au candidat à la plus haute fonction du pays d’établir un rapport de confiance avec les citoyens.

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Le Premier ministre Stephen Harper n’est pas un grand communicateur, en plus d’être mal conseillé dans ce domaine. Mais, jusqu’à maintenant, il a eu la chance d’affronter des adversaires encore plus faibles!

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L’une des questions qui sera posée avec le plus d’insistance aux candidats à la direction du Parti libéral sera celle de la division, entre Libéraux, Néo-Démocrates et Verts, du vote « progressiste » face aux Conservateurs. Bob Rae, ancien Premier ministre néo-démocrate de l’Ontario, serait particulièrement bien placé pour jouer cette carte.

Notre système électoral est conçu pour deux partis, pas cinq. On peut plaindre les nouvelles formations comme les Verts qui n’arrivent pas à faire élire un seul député avec 7% du vote d’un océan à l’autre, ou dénoncer la présence des 50 députés du Bloc québécois, disproportionnée par rapport à leur 10% des suffrages concentré au Québec, et considérer que notre système doit être réformé de façon à ce que la répartition des élus aux Parlement reflète mieux le pourcentage du vote obtenu par leur parti. Ou on peut se réjouir de ce que les règles actuelles, plus simples, plus proches de la démocratie directe, garantissent une certaine stabilité, et demander aux partis de s’adapter à ce système.

C’est ce que les militants de « droite » avaient exigé des anciens partis allianciste (ex-réformiste) et progressiste-conservateur, dont la rivalité favorisait l’élection des Libéraux de Jean Chrétien. Plusieurs électeurs de « gauche » souhaiteraient aujourd’hui une initiative semblable (fédéraliste, qui ne peut donc pas s’étendre au Bloc québécois), mais il serait étonnant qu’on ne tente pas une dernière fois de refaire du Parti libéral une voix crédible au centre de l’échiquier politique, capable de récupérer autant d’électeurs partis chez les Conservateurs que d’électeurs échoués chez les Verts ou les Néo-Démocrates. Ce serait la carte de Michael Ignatieff.

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Rae serait donc plus dangereux pour le NPD, Ignatieff pour les Conservateurs. Dans un cas comme dans l’autre, les Verts auront une décision à prendre: continuer de marginaliser l’environnement comme enjeu politique en faisant cavalier seul, ou choisir d’accroître son importance au sein d’un parti plus généraliste.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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