Le gouvernement canadien a qualifié d’inacceptable et d’absurde l’expulsion du député libéral Bob Rae du Sri Lanka, la semaine dernière, quelques heures après son atterrissage à l’aéroport de Colombo, malgré le visa qui lui avait été délivré par l’ambassade de ce pays à Ottawa.
Celui qui pourrait bien devenir ministre des Affaires extérieures dans un futur gouvernement de Michael Ignatieff voulait notamment visiter des zones sinistrées suite à la longue guerre civile qui semble avoir pris fin récemment par la défaite de la milice tamoule face à l’armée sri-lankaise. Le gouvernement de l’île y a vu un appui manifeste à la cause séparatiste et une menace à sa sécurité nationale.
La préoccupation des Libéraux pour le sort des 3 millions de Tamouls du Sri-Lanka (ils sont 30 millions dans la province indienne voisine d’où ils proviennent) vient bien sûr du fait qu’ils seraient plus d’une centaine de milliers à Toronto, comme on l’a tous découvert le mois dernier quand ils ont brièvement perturbé la circulation sur l’avenue University et l’autoroute Gardiner.
Les conflits au Congo ont fait cent fois plus de victimes ces deux dernière décennies, mais comme il n’y a pas (encore) autant de réfugiés congolais chez nous, ce pays d’Afrique ne figure pas souvent sur le circuit de nos politiciens.
Certes, à travers Bob Rae, c’est tout le Canada qu’a insulté le gouvernement sri-lankais. C’est certainement un geste anti-démocratique de la part d’une dictature paranoïaque… Sauf que le gouvernement fédéral a agi exactement de la même façon au mois de mars en refoulant à la frontière le député britannique George Galloway, qui venait prononcer une conférence à Toronto, sous prétexte qu’il risquait d’y réitérer son appui au mouvement politico-militaire palestinien Hamas.