À son meilleur, le trio piano-contrebasse-batterie représente la quintessence de l’art du jazz, parfait alliage d’intimité et d’interaction qui est à la note bleue ce que le quatuor à cordes est à la musique de chambre.
À cet égard, le Trio Jean Félix Mailloux, composé du pianiste Arden Arapyan, du batteur Jonathan Racine-Ménard et de Mailloux à la contrebasse, s’inscrit dans la lignée des célèbres formations de Bill Evans, de Paul Bley et d’Oscar Peterson, et pourrait servir d’entrée en matière à quiconque cherche à saisir cette ineffable alchimie qui se distille à trois.
Pétries d’influences diverses – du tango à la musique arabe en passant par le bop ludique d’un Herbie Nichols – Aurores boréales donne lieu à une série de tableaux empreints d’un onirisme qui n’est jamais flasque, d’une sensualité jamais télégraphiée.
Et s’il nous fallait une raison additionnelle de céder au plaisir de la découverte, elle se trouve dans les solos de Mailloux, un des rares contrebassistes de jazz dont l’instrument chante à tous les registres. Voilà une entrée en matière des plus prometteuses pour la nouvelle étiquette montréalaise Malasartes Musique.
Un CD nommé désir
Depuis 1959 et le légendaire Kind of Blue de Miles Davis, les étiquettes de jazz cherchent à reproduire la formule magique de cette séance qui a su marier l’atmosphère (nocturne) et l’improvisation (contrôlée) pour aller chercher cette clientèle qui, pour parler crûment, voit dans le jazz une manière de Viagra sonore.