Mordre la poussière dans le désert d’Arizona

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Publié 13/09/2011 par Aurélie Resch

«De tous les chemins que tu emprunteras, assure-toi que certains seront de poussière». Ce dicton résonne à mon oreille comme une promesse de vie à l’écart de la monotonie. Dans les faits, il me questionne sur le bien-fondé actuel de mon aventure en Arizona.


Dans les canyons


Persuadée que l’immensité et les paysages sauvages ne se vivent qu’en plongeant au cœur de la roche et du désert, je m’aventure dans les gorges du Canyon Salome, au cœur des montagnes de la Sierra Ancha.


Largement irriguées, les roches granitiques du Canyon offrent un spectre de formes et de couleurs de toute beauté. Spectacle que je peux admirer en escaladant, en nageant dans le courant et les vasques formées entre les roches, ou en descendant en rappel le long des parois plus abruptes à proximité de chutes d’eau.


Le «canyoneering» est une façon d’explorer la nature de l’intérieur. Plus on descend, plus le ciel s’éloigne entre les parois, et plus le monde dans lequel on pénètre est intrigant et majestueux.


Équipée d’une combinaison de plongée, d’un casque et d’un baudrier, je suis mon guide de pierre en pierre, de chutes d’eau en bassins naturels, au milieu de gorges qui s’élèvent à une soixantaine de mètres.


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La rencontre de deux serpents qui filent dans l’eau à notre approche et de quelques grosses araignées paresseusement étendues sur la roche nous rappelle que même si profond, la vie poursuit son chemin.


En escalade


Fourbue, mais conquise par l’aventure, je me promets de repartir à la conquête de la roche dès le lendemain.


C’est à Phoenix, sur les parois de Camelback Mountain que je testerai la structure de la pierre. Munie d’un harnais, j’escalade à l’ombre bienvenue de la montagne, tôt le matin, une surface inégale et plutôt lisse avant de redescendre en rappel et m’imaginer, le temps d’un battement de cil, que je pourrais voler, comme cette buse qui me regarde avec curiosité, suspendue à mes fils.


Derrière moi, la plaine s’embrase avec le soleil qui grimpe à son zénith et la lumière blanche vient bientôt écraser les reliefs du désert. Du haut de Camelback Mountain, la vue est imprenable.


En randonnée


Je reprends la voiture et m’enfonce un peu plus loin dans les terres, à la rencontre de boulders, ces amas rocheux populaires du désert de Sonoran.


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Vieux de plus de deux milliards d’années, ces rocs, poussés par des craquelures et des éruptions datant de l’ère précambrienne, forment des figures étranges dans le sable, comme la structure en équilibre de l’impressionnant «Levitation Rock» qui a séduit les Indiens Hohokan.


Une longue marche sur ces rocs avec mon guide m’amène en hauteur où je peux admirer une fois encore l’immensité du désert et la vaste propriété du luxueux Boulders Resort et Golden Door Spa qui rougeoie dans le coucher de soleil. Un aigle royal plane. Il s’éloigne.


Demain, c’est décidé, je reste sur le plat et partirai à l’exploration du désert dans la plaine.


En vélo tout terrain


Chose dite, chose faite, je pars à l’assaut du McDowell Regional Park en vélo tout terrain, guidée par des adeptes de randonnée et d’aventures.


Grâce à leur passion et leur connaissance approfondie de la flore et de la faune de la région, j’oublie que ma monture pèse si lourd, qu’elle est sensible au point de me faire passer par-dessus bord au moindre coup de frein et à la plus petite hésitation, et que je n’ai jamais connu d’autre vélo, que celui de ville, élégant avec son panier accroché au guidon. Tandis que nous nous enfonçons dans le désert, sur des pistes inégales et caillouteuses bordées de cactus et de nids de tarentules, j’apprends à ignorer la présence des serpents à sonnettes et à identifier les différentes espèces de cactus, à reconnaître les ocotillos, les saguaros, les prickly pears, les pencil cholla, les mesquite, et les arbres palo verde.


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Le désert se déroule à l’infini et même le ciel, d’un bleu turquoise, me paraît immense. Je croise la route d’un coyote. D’une famille de cailles. Bientôt, je n’entendrai plus que le silence. Je me sens humble. Faisant partie d’un tout. Vaste et clément. C’est reposant.


En kayak


La peau maculée de poussière, j’accepte avec un plaisir compréhensible la proposition d’aller faire du kayak sur la Salt River.


Le désert, c’est bien beau, mais c’est chaud. Après un pique-nique agréable sur les rives du Saguaro Lake Ranch, un vieux ranch niché au pied des montagnes, sur les berges verdoyantes de la rivière, je retire enfin mon casque (j’ai porté un casque chaque jour, pour chacune des mes activités, la randonnée en moins) et prends place dans mon kayak sur des eaux tranquilles. Je me laisse filer au gré du courant, sans effort. Une pause rafraîchissante et bienvenue qui me permet d’admirer le vol des hérons cendrés et de tomber nez à nez avec un troupeau de chevaux sauvages venus se désaltérer.


Moment de grâce pendant lequel nous échangeons un long regard, avant de disparaître chacun de notre côté au détour d’un coude de la rivière.


De tous les chemins que tu emprunteras, assure-toi que certains seront de poussière. Je m’en fais le serment.


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Pour ceux qui voudraient tenter l’aventure dans le désert du Sonoran, en Arizona, je vous recommande les liens suivants. Pour le canyoneering et l’escalade: www.360-adventures.com. Pour l’excursion en vélo tout terrain et le kayak (propose aussi de l’escalade): Arizona Outback Adventures 
www.aoa-adventures.com.

Auteur

  • Aurélie Resch

    Chroniqueuse voyages. Écrivaine, journaliste, scénariste. Collabore à diverses revues culturelles. Réalise des documentaires pour des télévisions francophones. Anime des ateliers d’écriture dans les écoles, les salons du livre et les centres culturels.

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