Mohamed Boudjenane brigue l’investiture néo-démocrate dans Parkdale-High Park

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Publié 11/07/2006 par Marta Dolecki

Ancien journaliste de l’émission d’affaires publiques Panorama à TFO, Mohamed Boudjenane est désormais connu à Toronto pour son rôle de porte-parole de la communauté arabe et musulmane. À titre de directeur exécutif de la Fédération canado-arabe (FCA), il se retrouve régulièrement propulsé sur le devant de la scène.

Affaire des caricatures de Mahomet, arrestation des 17 présumés terroristes au début du mois de juin: ces derniers temps, son téléphone a beaucoup sonné. Patiemment, Mohamed Boudjenane répond aux questions des médias, tout en s’insurgeant, parfois, devant les amalgames qui associent la religion musulmane aux dérives terroristes. Son organisme défend les intérêts de plus d’un demi-million de Canadiens d’origine arabe.

Aujourd’hui, c’est pourtant un autre siège que le directeur de la FCA convoite. M. Boudjenane a décidé de se porter candidat à l’investiture néo-démocrate dans Parkdale-High Park en vue des prochaines élections provinciales. Ces dernières devraient être déclenchées par le premier ministre McGuinty dans les prochains mois, avant la date butoir du 18 novembre 2006.

Durant une première nomination qui aura lieu le 17 juillet prochain, Mohamed Boudjenane fera la lutte à Cheri DiNovo, ancienne femme d’affaires et pasteure de l’Église unie Emmanuel-Howard Park située dans le quartier de Roncesvalles. La réunion opposant les deux candidats néo-démocrates se déroulera au Parkdale Collegiate Institute, sur la rue Jameson.

Après plusieurs années passées à la barre de la FCA, Mohamed Boudjenane désire faire le saut sur la scène provinciale, dans une circonscription laissée vacante depuis le 18 mai dernier par Gerard Kennedy, l’un des candidats dans la course à la direction du parti libéral.

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Pour sa part, le candidat néo-démocrate a lui aussi amorcé sa campagne. Il est en mode préparatoire depuis déjà plusieurs semaines. Comme tous les politiciens, Mohamed Boudjenane doit recruter de nouveaux membres qui soutiendront sa candidature le 17 juillet prochain. Appels téléphoniques, envois de brochures, participations aux évènements communautaires, rencontres avec les habitants du quartier font désormais partie de son quotidien.

À ce stade de la campagne, M. Boudjenane affirme avoir recruté 250 nouveaux membres. Le candidat s’inquiète. Il sait qu’en général seulement une petite cinquantaine d’entre eux se présenteront à l’élection une fois le moment venu.

Des deux côtés du miroir

Mohamed Boudjenane a été conseiller politique dans le gouvernement de Bob Rae de 1990 à 1995. Il a travaillé auprès du député Gilles Pouliot, ancien ministre responsable des Affaires francophones, du Développement du Nord et des Mines et des Transports. Par la suite, l’homme de 44 ans a exercé la profession de journaliste parlementaire affecté à l’émission d’affaires publiques Panorama pendant 10 ans.

«J’ai cette chance d’avoir été des deux côtés du spectre politique, fait-il valoir en entrevue. À titre de conseiller politique et d’attaché de presse, je devais préparer le ministre aux questions des médias, articuler toutes les politiques et m’assurer qu’elles se retrouvent dans le portefeuille du ministère. Plus tard, le fait d’avoir été correspondant politique à Queen’s Park m’a donné une fenêtre privilégiée pour observer les différents gouvernements, continue-t-il. J’ai vu défiler les conservateurs de Mike Harris, ceux d’Ernie Eves et, enfin, les libéraux de Dalton McGuinty. Cette expérience m’a permis de côtoyer différentes politiques, différents styles de gouvernement et de me retrouver régulièrement au contact des élus.»

Mohamed Boudjenane suit les traces du parti néo-démocrate quand il dit vouloir faire de l’Ontario une province bilingue. La proposition avait déjà été soumise par le chef NPD Howard Hampton, vers la fin des années 1990 et M. Boudjenane croit qu’il suffit de volonté politique pour mener à bien le dossier. «Il y a, certes, plus d’Italiens et de Chinois que de francophones à Toronto. Mais là n’est pas la question. En tant que francophones, nous avons des droits constitutionnels que nous devons faire valoir», souligne-t-il.  

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«La flotte de taxis la plus éduquée au monde»

L’intégration des travailleurs étrangers, la réévaluation des biens immobiliers, le développement des petites et moyennes entreprises, l’amélioration des transports en commun,  la promotion des énergies vertes sont autant de dossiers que M. Boudjenane entend défendre s’il est élu député provincial. L’ancien journaliste réside dans la circonscription de Parkdale-High Park depuis maintenant huit ans.

«La formule d’immigration canadienne fait venir au pays des diplômés capables et doués, mais souvent, ces mêmes personnes se retrouvent à exercer des emplois qui demandent peu de qualifications. Je pense qu’il est ridicule de se retrouver, à Toronto, avec la flotte de taxis la plus éduquée au monde, s’insurge-t-il. Il faudrait un système de tests à l’échelle provinciale. On a besoin d’architectes et une fois arrivés au Canada, on les fait retourner à l’université pour reprendre toutes leurs études. Étant moi-même émigré, j’ai vu les gens souffrir de cette situation.»

Francophone, musulman et arabe: Mohamed Boudjenane ne fait aucune distinction entre les différentes facettes qui composent son identité. Les trois, dit-il, font partie intégrante de sa personnalité. Il a quitté le Maroc pour le Canada en 1982 et, depuis, a toujours réussi à vivre en français dans son pays d’adoption. «J’ai réalisé que si l’on veut être entendu en tant que communauté – je parle de la communauté francophone, arabe et musulmane – il faut que des gens parlent en notre nom, sinon, on sera toujours des citoyens de seconde classe», justifie-t-il.

Au-delà du frisson d’une première victoire qui pourrait lui revenir le 17 juillet prochain, le candidat espère être un modèle pour une jeunesse qui a grandi, marquée par l’absence de repères, de personnalités arabes et musulmanes auxquelles elle pourrait s’identifier.

«Les gens comme moi peuvent être de bons ambassadeurs pour rapprocher les deux communautés, affirme-t-il. Si les jeunes ne se retrouvent pas dans leurs leaders, ils ne seront pas intéressés à se lancer en politique. Dans une large mesure, les partis politiques sont encore fermés aux groupes minoritaires. Le Canada devrait faire plus. C’est un pays d’immigrants. Il faut que ces gens-là se retrouvent dans leur gouvernement.»

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