Modeste réouverture des marchés fermiers à Toronto

Absence des restaurateurs mais intérêt des particuliers

De l'aveux de son responsable, Mike Lawler, «c’est un peu lent pour un début de saison, mais ça se compare au début du marché l’année dernière.»
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Publié 20/07/2020 par Jessica Régis

À ses premières heures de réouverture le 9 juillet, marché fermier de Corktown était peu achalandé. «Je pense que les gens ont peur de prendre des risques, et puis il est encore tôt», commente un client.

«Je ne suis pas surprise que ce soit calme, les gens évitent les foules», indique la fondatrice de World Moss, compagnie canadienne, spécialiste du goémon blanc (une algue).

Le marché sous l’autoroute

Le marché fermier de Corktown occupe le parc du passage sous la sortie de l’autoroute Don Valley vers les rues Richmond et Front depuis 2017. Il est ouvert aux visiteurs tous les jeudis, du printemps à l’automne. L’organisation travaille en collaboration avec l’Association des résidents et commerçants du quartier.

Brickworks Cider: producteur de cidre de Toronto dont la fabrication est à base de fruits qui proviennent de l’Ontario.

Le marché propose des produits artisanaux et maraîchers de Toronto et de fermes situées jusqu’à deux heures de la métropole. Ces fermes sont basées à Beamsville, Waterford, Uxbridge, ou encore Niagara-on-the-Lake.

«Beaucoup de nos consommateurs viennent de Regent Park, de Leslieville et de Corktown», rapporte Mike Lawler, gérante du marché.

Depuis la CoViD-19

On a changé la disposition des étalages pour respecter l’écart sanitaire, explique Mike. «Certains traiteurs et vendeurs n’ont pas pu se réinstaller cette année, faute d’accès à leurs cuisines. C’est difficile pour une petite affaire, vous savez…»

Toot Toot’s Kitchen, traiteur de Youngville, l’un des rares traiteurs présents au marché de Corktown.

Par ailleurs, il semble que les règles de protection face au coronavirus ne soient pas encore tout à fait rentrées dans les moeurs. Certaines personnes se voient refuser l’accès au marché, car elle refuse de porter le masque.

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«Les refus du port du masque sont finalement peu nombreux», explique Mike. «On a vu ce qui s’est passé dans d’autres pays où les gens ont refusé de prendre ces choses au sérieux. Nous faisons plus attention maintenant, et on espère assouplir les règles, mais c’est comme ça pour le moment.»

Chaleur rime avec bonne humeur à ce point de vente de boissons fraîches.

D’habitude les marchés fermiers dans les villes se tiennent la fin de semaine et commencent très tôt le matin. Mais dans ce secteur, le St Lawrence Market est un concurrent sérieux la fin de semaine. Les horaires d’ouverture sont donc passés de 16h à 19h, ce qui a également permis d’accommoder les jeunes gens actifs du quartier.

First Fish, une organisation qui propose du poisson pêché par et avec les méthodes inuites. Ils ont eu recours aux ventes en ligne durant la pandémie.

Du champs à l’assiette

«Beaucoup de ces gens ont tenu à soutenir les petits producteurs pendant la pandémie et n’ont pas hésité à faire leurs achats en ligne lorsque les maraîchers ou les viticulteurs offraient la possibilité de le faire», explique une habituée du marché.

Toutefois ces méthodes de vente à distance exigent du temps et des moyens que tous les producteurs ne pouvaient pas s’offrir pendant la période de confinement.

Michael et Carmen, de Firecrakerspice, fabriquent et vendent en ligne et en direct des sauces épicées d’inspiration trinidadienne.

«Vous savez, j’ai une page Facebook que je n’entretiens plus depuis longtemps», explique un maraîcher.

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«Moi, je ne fais pas de vente en ligne, mais des ventes directes: on peut m’envoyer un courriel et je livre à certains endroits.» C’est la méthode adoptée par cet autre producteur qui écoulait ainsi son surplus de marchandise.

La ferme de Warner de Beamsville a poursuivi ses ventes en direct et par l’intermédiaire de points de vente pour écouler ses stocks pendant la pandémie.

Les clients sont ravis de consommer des produits locaux et de soutenir les fermes avoisinantes. Mais par-dessus tout, ils se réjouissent de consommer des produits sains qui passent du champ à l’assiette.

«C’est plus rassurant», explique une cliente, qui revient du travail, «il y a moins de manipulations selon moi».

Cette feuille mentionne que le produit touché doit être acheté, pour respecter les mesures d’hygiène limitant les risques de propagation du coronavirus.

Une production saine et sauve

Malgré la fermeture des restaurants, certains producteurs parviennent à résister à la crise économique grâce aux méthodes de vente alternatives, comme les marchés fermiers virtuels où le client commande en ligne et récupère le tout à son marché habituel, à une heure donnée.

Palatine Hills, producteur de vin et de raisins situé à Niagara-on-the-Lake.

L’engouement des Torontois pour les compagnies de ventes en ligne de plats à préparer soi-même, à base d’aliments frais (du type Hello Fresh ou Good food) ne se dément pas. Les listes d’attente et des ruptures de stock des paniers de saison à livrer ou emporter témoignent de l’intérêt croissant des consommateurs pour le manger sain et local.

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Et les prix?

«D’après moi, les fruits rouges, les tomates et les légumes ne sont pas plus chers ou moins chers en ce moment», explique cet habitué des marchés fermiers.

En juin dernier, les économistes prédisaient une envolée des prix des produits frais à cause de la crise sanitaire. Le gouvernement craignait une diminution de la main-d’oeuvre saisonnière provenant de l’étranger (Amérique latine principalement). Les agriculteurs s’attendaient à ce que leur activité soit fortement perturbée.

Étalage de fruits rouges provenant des vergers de la ferme Warner de Beamsville.

Ainsi, moins de mains d’oeuvre entraîneraient une diminution de la production et une rareté des produits sur les étalages, ce qui impliquerait une hausse significative des prix des produits devenus rares.

Mais jusqu’ici, cette prédiction n’est pas avérée. Selon l’hypothèse des producteurs locaux, il y a moins de demande du côté des clients grands compte, comme les restaurateurs, mais davantage du côté des consommateurs qui se ravitaillent directement à la source.

Animation musicale proposée aux visiteurs du marché de Corktown.

On trouve cet été une bonne douzaine de marchés fermiers à Toronto.

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