Quinze ans après l’émergence de Thomas Fersen et Cie, la «nouvelle chanson française» n’a de nouveau que son nom. Avec ce quatrième album en moins d’une décennie, Franck Monnet semble vouloir signaler son éloignement partiel du genre de folk onirique et ironique (ironiconirique?) qui avait fait le charme de ses Embellies en 2000.
Non que Monnet ait tout à fait rompu avec le minimalisme acoustique auquel on reconnaît l’étiquette Tôt ou Tard (qui l’accueille depuis ses débuts, aux côtés du Fersen précité), mais sur Malidor, il y côtoit une poignée d’exercices en formule guitare-basse-batterie, qui suggèrent une certaine nostalgie pour la pop-rock des années 80, façon Indochine.
La schizophrénie qui en résulte a quelque chose d’agaçant, et par moments, on eût préféré que Monnet garde ses identités dans des cases distinctes, quitte à mener deux carrières en parallèle.
Les jeux de Jules
Plus explicitement excentrique que Monnet dans son approche, Nicolas Jules cultive avec Le cœur sur la table une idée de la chanson qui a peu d’équivalents chez ses contemporains, français ou autres.
Quand on butine aussi librement que lui, (quitte à inventer des mots, comme sur le charmant Bréchallume), le coup de génie n’est pas systématiquement au rendez-vous, mais on sait gré à Jules d’éviter la plupart des réflexes paresseux qu’adoptent les faiseurs de chansons lorsqu’ils cèdent à la mélancolie, au besoin de crier leur amour sur les toits, ou simplement à ce qu’ils croient être les attentes du public et/ou des ondes.