C’est Marie-Josée Martin, pour son roman Un jour, ils entendront mes silences, qui a remporté le prix littéraire Christine Dumitriu-van-Saanen 2013, décerné à l’ouverture du 21e Salon du livre de Toronto, mercredi soir dernier.
On ne peut s’empêcher de comparer cette histoire d’une enfant physiquement et linguistiquement handicapée, à la jeune auteure d’Ottawa elle-même, en chaise roulante, qui a survécu à un neuroblastome métastatique.
«Lorsqu’on prend la plume ou qu’on s’installe au clavier pour écrire, on porte en soi un bagage — un certain savoir, un vécu, des valeurs», explique l’auteure à L’Express. «Mon vécu de personne handicapée m’a rendue sensible aux questions d’exclusion et il a assurément guidé le choix des thèmes abordés dans le roman.»
«L’œuvre est en somme partie d’un mouvement de révolte: j’ai imaginé le personnage de Corinne en réaction au traitement des handicaps dans la presse, en particulier à la vision très étroite de la «normalité» et de la «qualité de vie» qu’on véhiculait autour de l’affaire Latimer. Il est vrai que mon expérience du milieu médical a coloré dans une certaine mesure le texte, mais j’ai écrit une œuvre de fiction. Je me suis pour cela appuyée sur une importante quantité de recherches et d’entrevues.»
Selon le jury du Salon du livre de Toronto, l’auteure «nous offre le tableau d’une existence fragile et douloureuse. Pourtant ce livre sérieux et important n’est pas sans humour ni sans beauté et il nous aide à franchir les obstacles de l’incompréhension qui nous séparent du monde des handicapés et de l’anormalité.»