Le calcul de Stephen Harper
Plusieurs commentateurs se demandent pourquoi le chef conservateur Stephen Harper mène une bataille aussi acharnée contre le mariage homosexuel, alors que son parti a besoin de nouveaux électeurs en Ontario et au Québec où cette réforme serait moins controversée que dans l’Ouest. Il a notamment ciblé des communautés de néo-Canadiens traditionnellement acquises au Parti libéral mais hostiles au mariage gai.
Harper réussira sans doute à détacher quelques-uns de ces électeurs du Parti libéral. Mais pour la majorité des immigrants récents, le mariage homosexuel ne représente qu’une bizarrerie de plus de la société canadienne – dont les qualités et les avantages restent plus nombreux. Ce gain des gais et lesbiennes n’est pas une raison suffisante pour amener les minorités ethniques (parmi lesquelles on trouve bien sûr des homosexuels) à répudier les Libéraux, qui les ont toujours mieux traitées que les Conservateurs.
C’est aussi le sentiment de nombreux autres citoyens, ennuyés par le mariage gai ou par la promotion de l’homosexualité en général, mais pas au point de fonder leur intention de vote uniquement là-dessus.
Le calcul de Harper sera plus payant, dans l’électorat canadien en général, en confirmant son statut de politicien qui tient ses promesses. Au cours de la prochaine campagne, il ne sera pas accusé d’avoir trahi ses électeurs, alors que les Libéraux avaient voté en 1999 une résolution au Parlement pour le maintien de la définition traditionnelle du mariage, mais n’y ont pas donné suite devant les tribunaux.