Maigre moisson africaine aux J.O.

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Publié 28/08/2012 par Darnace Torou

Les lampions se sont éteints sur les XXXe olympiades et voilà que des voix africaines s’élèvent pour se lancer dans des critiques acerbes relativement aux nombres de médailles engrangées par le continent noir dans son ensemble.

L’Afrique, représentée par 53 États (environ 850 athlètes), n’a rapporté que 34 médailles, dont 11 en or, inégalement réparties entre dix pays! Pour de nombreux Africains entendus sur les antennes de grandes stations de radio, ces résultats étaient attendus, car les pays d’Afrique ne récoltent que ce qu’ils ont semé.

D’aucuns pensent que l’Afrique a mieux fait sur le plan sportif que sur le plan commercial ne représentant, pour un milliard d’habitants, que 3 à 4% du commerce mondial, elle a rassemblé, en quinze jours, plus de 4% de médailles!

Certains accusent le copinage qui s’est installé au cœur du sport africain, car il y a souvent plus d’encadreurs (beaucoup n’ayant rien à voir avec le sport) que d’athlètes.

Un autre fait révélateur: affairisme et impunité. On raconte que la Féderation nationale de boxe d’un pays a reçu des fonds pour des séjours d’entraînement à Cuba. Contre toute attente, les boxeurs se sont retrouvés à Dubaï, un pays qui, assurément, n’a aucune réputation établie dans le domaine du pugilat. Aucune sanction contre le président de la fédération, bien entendu!

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Du côté des organisations officielles, il y a aussi des explications à cette déconfiture. Le général Lansana Palenfo, président de l’Association des Comités nationaux olympiques d’Afrique (ACNOA), a confié sa déception à la BBC en pointant le doigt vers le manque de moyens d’entraînement sur place. Pour pallier au manque d’infrastructures adéquates, certains athlètes sont envoyés à l’extérieur, un extérieur qui n’hésite pas à s’en approprier.

De nombreux athlètes portent les couleurs du Danemark, de la Grande-Bretagne, du Portugal, de l’Espagne, du Qatar, de la France. Après tout, on ne peut pas vouloir le beurre, l’argent du beurre, les faveurs de la bergère et les remerciements du berger! M. Palenfo déplore également le manque de compétitions interafricaines, seul élément permettant d’amélioration des performances.

Autre coupable, la portion congrue des budgets nationaux accordée au sport, dont la plus grosse part est orientée vers le football, sport roi et véritable opium du peuple en Afrique.

En sus de cette maigre moisson de médailles, il y a eu une petite hémorragie des athlètes africains. Des Camerounais, des Ivoiriens, des Gabonais, des Guinéens et des Congolais se sont pour ainsi dire évaporés dans la nature londonienne et ne feront pas le voyage retour au pays natal. Ainsi est née une nouvelle «discipline» que beaucoup ont baptisée l’Europathlon (la défection des athlètes pendant les Jeux). Eh oui, les murs européens étant désormais trop hauts, tous les moyens sont devenus bons pour les franchir!

Comme l’écrivait l’hebdomadaire Jeune Afrique, «on connaissait le «brain drain», c’est-à-dire l’immigration des élites intellectuelles des pays en développement vers les pays riches. Les défections actuelles mettent en évidence un autre phénomène, tout aussi ancien: celui du «muscle drain»…»

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La mauvaise récolte s’explique: comment peut-on gagner dans une discipline quand on sélectionne les athlètes à la 23e heure ou quand on commence des entraînements à deux mois ou quatre des J.O.? Aux dirigeants africains d’agir, car si certains peuvent acquérir de grands hôtels particuliers en Europe, des écuries de grosses cylindrées, une petite poignée d’euros/dollars jetés à leurs sportifs vaudrait bien la peine! Pour l’honneur de la patrie!

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