Malgré leur nom, les États-Unis d’Amérique sont un État-nation. Nos voisins américains forment un peuple qui se distingue par une langue, une culture, des valeurs politiques, un mode de vie et une prospérité fondée sur 200 ans quasi-ininterrompus de sécurité, de libre-échange et de monnaie commune sur leur vaste territoire – un «continent-nation».
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, qui a laissé l’Europe et une partie de l’Asie ravagées et divisées en 1945, les États-Unis sont devenus une superpuissance économique et militaire. Depuis l’effondrement de l’Empire soviétique, la fin de la Guerre Froide et la réunification de l’Allemagne en 1990, les États-Unis ont dû inventer un nouvel ennemi, le terrorisme, pour justifier leurs investissements militaires et leurs menées stratégiques.
Toute l’Europe ou toute l’Asie sont encore loin de pouvoir faire contrepoids aux États-Unis. Mais l’Union européenne ne sera jamais «les États-Unis d’Europe ». L’Union européenne (UE), qui est passée récemment de 15 à 25 membres, pourrait un jour rassembler une quarantaine d’États-nations du continent et de la Méditerranée. Ces peuples possèdent plusieurs langues, cultures, valeurs et modes de vie très distincts les uns des autres. Pas incompatibles, bien sûr, mais suffisamment différents pour mettre à mal l’idée d’un régime fédéral centralisateur.
On passe désormais sans entrave d’un pays de l’UE à un autre. Douze d’entre eux ont adopté une monnaie commune, l’euro, rapidement devenue l’une des devises les plus fiables et les plus fortes au monde, déjà préférée à la monnaie locale et au dollar américain dans plusieurs pays environnants. On peut libéraliser davantage les échanges économiques en Europe, faciliter la diffusion des arts et des lettres, harmoniser les politiques d’immigration, de sécurité intérieure, de protection de l’environnement, etc.
Ce qu’on devrait éviter, c’est de créer une superstructure fédérale européenne copiée sur le modèle – déjà lourd – des gouvernements nationaux: une juridiction qui – comme le gouvernement fédéral canadien face à nos provinces – se mêlerait induement de santé, d’éducation, d’affaires municipales et de redistribution de la richesse.