L’Ontario se prépare à fermer ses dernières centrales au charbon

Alors que le charbon «propre» intéresse de plus en plus de pays

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Publié 08/09/2009 par François Bergeron

Alors que plusieurs pays – dont le Canada – investissent dans le développement de nouvelles technologies qui permettraient de débarrasser le charbon de ses polluants et d’en recycler les cendres, l’Ontario annonce la fermeture d’ici quelques mois de quatre de ses douze dernières unités de production d’électricité alimentées au charbon.

L’Ontario Power Generation (OPG) se prépare en effet à fermer en 2010 deux des huit unités de sa centrale de Nanticoke, près de Simcoe, et deux des quatre unités de la centrale de Lambton, près de Sarnia. Ces deux centrales ont une capacité 
totale de 2 000 MW. Les unités restantes seront fermées d’ici 2014.

«L’Ontario est sur le point de se donner le profil du producteur d’électricité le plus vert et le plus propre au monde», a déclaré la semaine dernière George Smitherman, le ministre de l’Énergie et de l’Infrastructure. «Notre capacité à tenir notre principal engagement, l’élimination du charbon, et l’adoption de la Loi sur l’énergie verte, confirme l’Ontario dans son rôle de chef de file de l’énergie renouvelable et de la conservation.»

Depuis au moins deux campagnes électorales, en effet, les Libéraux de Dalton McGuinty promettaient l’élimination du charbon, source importante de pollution de l’air et – pour ceux qui trippent sur les changements climatiques – de gaz à effet de serre.

«La présente année est cruciale pour agir contre le changement climatique», a ainsi commenté Keith Stewart, directeur du programme Climate Change du Fonds mondial pour la nature au Canada. «En accélérant la mise en oeuvre de la plus importante réduction d’émissions de gaz à effet de serre au Canada, l’Ontario dit haut et fort que cette province est prête à contribuer à la recherche de solutions.»

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Le gouvernement prétend que la fermeture des centrales au charbon réduira de près de 30 mégatonnes les émissions de dioxyde de carbone de l’Ontario, «ce qui équivaut à retirer de la circulation presque sept millions de voitures».

La province devient l’un des premiers territoires au monde à éliminer la production d’électricité à partir du charbon. Depuis 2003, plus de 7000 MW d’électricité proviennent d’installations nouvelles ou d’équipement remis à neuf, dont plus de 3700 MW provenant de nouvelles centrales alimentées au gaz naturel et plus de 1200 MW provenant des sources d’énergie renouvelable.

«L’OPG s’est engagée à être l’une des sociétés de production d’électricité les plus propres en Amérique du Nord», renchérit son président Tom Mitchell.

Pendant ce temps, plusieurs entreprises et gouvernements sont engagés dans une course au «charbon propre», estimant difficile de remplacer ce qui reste encore comme la source d’énergie la plus abondante et la plus économique sur la planète, mais tenant à protéger l’environnement.

Cet été, plusieurs média ont rapporté les succès d’équipes de recherche un peu partout dans le monde et, en Italie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, la mise en service prochaine par quatre entreprises d’autant de centrales au «charbon propre» devant servir de «démonstrateurs».

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Ces entreprises, Enel SpA, Vattenfall, Doosan Babcock et American Electric Power Co, prétendent toutes être en mesure de soumettre le charbon à des pressions qui le débarrasseraient de ses polluants: souffre, nitrogène, mercure, qui seraient réutilisés dans l’industrie. Les cendres du charbon brûlé pour produire de l’électricité seraient également réutilisées dans la fabrication de ciment. Ces centrales n’auraient même pas besoin de cheminée!

Le blason du charbon, ennemi numéro un de l’environnement pendant deux siècles, prendra cependant du temps à redorer. Comme pour la technologie des batteries dans l’industrie automobile, dont dépend la mythique voiture 100% électrique, les succès du «nettoyage» du charbon restent à démontrer à grande échelle. Pour l’instant, l’Ontario a fait une croix dessus.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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