L’Ontario se met aux voitures électriques: solution ou gadget de riches?

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Publié 30/08/2011 par Guillaume Garcia

L’Ontario annonçait récemment un investissement à hauteur de 80 millions $ pour la mise en place de stations de recharge pour les voitures électriques. Dans la foulée, Toyota annonçait le lancement d’une usine de fabrication du modèle de VUS électrique le RAV4 à Woodstock en Ontario. La voiture électrique est-elle en train de gagner une bataille en Ontario ou n’est-ce là qu’un leurre d’une potentielle avancée? L’Express a cherché à en savoir plus sur ces voitures électriques.

Pour le moment, vous mettez quelques minutes à faire le plein de votre voiture et cela vous tient plusieurs centaines de kilomètres, parfois même presque mille. Vous pourrez bientôt recharger votre auto électrique entre 12 et 24 heures, pour rouler un peu plus de 100 km, et oui, cela vous coûtera plus cher à l’achat aussi. C’est vendeur, non?

Une solution pour le consommateur?

Pour le moment, on compterait un peu plus de 10 000 voitures électriques aux États-Unis, et un peu moins au Canada. Les constructeurs ont bon espoir que ce nombre augmente rapidement avec l’arrivée sur le marché de la Chevrolet Volt et de la Nissan Leaf. En surfant sur les sites spécialisés en automobile, on peut se rendre compte que la vérité est dure à établir en ce qui concerne la future réussite ou non des voitures électriques.

Du côté constructeur, on vante les mérites d’un plein peu cher, environ 2,25 $ pour recharger toute la batterie, pour faire une centaine de kilomètres, selon le trafic et la vitesse. Sachant que selon eux, 60% des Canadiens font moins de 100 km par jour, l’équation pourrait fonctionner.

De l’autre, les utilisateurs s’indignent du temps de recharge nécessaire pour faire si peu de kilomètres. Les faibles émissions de pollution n’entrent que rarement en ligne de compte.

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Où trouver l’énergie?

La quantité d’énergie disponible n’est d’ailleurs pas illimitée et le directeur d’Hydro Toronto a d’ores et déjà annoncé que «si l’on connectait 10% des maisons de n’importe quelle rue à une voiture électrique pour la recharger, le système saute.»

«Ce qui est amusant», nous explique Pierre-Oliver Pineau, spécialiste des politiques énergétiques et professeur à l’Université montréalaise McGill, puisqu’à Montréal, «ils disent que cela pourrait aider en cas de besoin et qu’on pourrait prendre l’énergie présente dans les voitures».

Il faut, de plus, dans tous les cas, s’équiper d’une station de recharge et selon une étude IBM faite aux États-Unis, seuls 13 % des personnes interrogées seraient prêtes à mettre plus de 1000 $ dans cet équipement.

L’initiative de l’Ontario de placer des stations de recharge dans les villes correspond à la demande des sondés, qui espèrent voir des stations, chez eux, au travail, et dans les stationnements des centres d’achats.

Une solution à quel problème?

Pierre-Oliver Pineau réfute la thèse de la bienveillance pour l’environnement, en expliquant que les surcoûts liés à l’achat d’une voiture électrique sont prohibitifs.

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«Les voitures électriques sont présentées comme la solution à un problème mal défini. On parle de pollution, de trafic, mais si l’on voulait offrir des alternatives, ce n’est pas le fait d’avoir plus de petites voitures qui serait la solution. Cela reste une personne dans une voiture. De plus cela demande énormément d’investissements publics et privés. Cela me scandalise.»

«Aujourd’hui on est dans le marketing vert, mais il y a un fossé entre l’imaginaire et la réalité. Les gens n’ont pas 10 000 à 15 000 $ à mettre en plus dans une voiture plus petite et moins pratique. Après il y aura toujours des gens pour qui cela fera du bien à la conscience, et ce n’est pas négligeable, mais on parle ici de jouets, utiles uniquement aux familles qui ont déjà une voiture. Ça peut être une solution, mais ce n’est pas une solution économique.

Si on résout le problème, il faudrait travailler sur les transports en commun, qui à Montréal, Toronto sont mauvais, il faut penser à la bicyclette, la marche. La voiture électrique n’est qu’une solution partielle et elle coûte très cher. Et puis on oublie toujours de dire que les batteries de voitures, c’est comme les batteries de cellulaires, il y a un problème de décroissance d’autonomie au fur et à mesure des années.»

Loin d’aller dans les questions techniques de construction de batterie, de rentabilité et de performances, il est clair que l’avenir de la voiture électrique reste relativement flou.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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