L’Ontario rejoindra le marché du carbone

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 14/04/2015 par Radio-Canada et L'Express

Le plan du gouvernement de l’Ontario de participer à un marché du carbone avec le Québec et la Californie va nuire aux entreprises ontariennes, selon l’opposition conservatrice.

En vertu de ce système complexe, plus vulnérable à la manipulation politique et à la corruption qu’une simple taxe, le gouvernement fixerait des cibles d’émission de gaz à effet de serre (décrit ici comme de la «pollution») et un coût par tonne. Les entreprises ne pouvant atteindre ces cibles pourraient acheter des crédits d’autres sociétés qui ont dépassé les objectifs provinciaux.

«C’est la même chose qu’une taxe sur le carbone», a réagi Jim Wilson, chef intérimaire du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario. Le député souligne que le secteur manufacturier commence à peine à se relever de la dernière récession.

Du côté des entreprises, le vice-président des affaires environnementales à General Motors Canada, David Paterson, réagit prudemment. Selon lui, les plafonds d’émissions devront tenir compte des secteurs importants de l’économie, comme celui de l’auto.

Le groupe environnemental Greenpeace applaudit au plan ontarien. «Un système de tarification du carbone solide et bien conçu aidera à mettre l’Ontario sur la voie d’un avenir sans combustibles fossiles», a dit Keith Stewart, coordonnateur à Greenpeace.

Publicité

Sidney Ribaux, directeur général du groupe Équiterre, trouve lui aussi qu’il s’agit d’une «excellente nouvelle».

Le gouvernement ontarien se donne jusqu’à octobre pour déterminer des critères plus précis, à la suite notamment de négociations avec le Québec et la Californie.

Entre 10$ et 15$ la tonne

La première ministre Kathleen Wynne a signé lundi une entente avec le Québec pour sa participation au marché conjoint du carbone avec la Californie.

Au Québec, cette initiative a fait augmenter le prix de l’essence de 2,5 à 3 cents le litre. Reconnaissant que cette initiative passera pour une nouvelle «taxe», la première ministre Wynne rétorque que les gaz à effet de serre ont eux aussi un coût, y compris des primes d’assurance plus élevées en ce qui a trait aux inondations et aux sécheresses liées aux changements climatiques.

«Si vous appelez ça une taxe, sachez que l’étiquette importe peu, l’important est d’agir pour les générations futures», a-t-elle lancé en conférence de presse, aux côtés de Philippe Couillard.

Publicité

Le nouveau marché du carbone pourrait rapporter à l’Ontario de 1 à 2 milliards $ par année. À l’heure actuelle, le carbone se transige à la bourse Québec-Californie entre 10 $ et 15 $ la tonne. La Colombie-Britannique taxe le carbone à 30$ la tonne, la Suède à 150$ la tonne.

Mme Wynne soutient toutefois que les Ontariens pourront réduire leur facture de chauffage grâce aux nouvelles technologies.

Le gouvernement ontarien promet d’investir toutes les recettes du nouveau mécanisme dans des projets qui contribuent à la «réduction des gaz à effet de serre» et qui aident les entreprises à demeurer «concurrentielles», tels que l’expansion des transports publics et l’aide aux familles qui achètent des appareils électroménagers moins énergivores.

«Il faut que ce soit abordable pour les familles et que les entreprises soient concurrentielles», a confirmé le ministre ontarien Glen Murray.

Sommet provincial

Le sommet des provinces sur les changements climatiques, qui s’ouvre à Québec mardi, donne à l’Ontario l’occasion d’annoncer ses intentions en la matière.

Publicité

La province serait en retard sur ses objectifs déclarés de réduction des gaz à effet de serre: 80% en 2050 par rapport au niveau de 1990.

L’Ontario veut aussi faire bonne figure en vue de la conférence internationale sur les changements climatiques qui aura lieu à Paris en décembre.

Le premier ministre du Québec a salué la décision du gouvernement ontarien de mettre en place un système de plafonnement d’échange de droits d’émission des gaz à effet de serre. Philippe Couillard a parlé d’une «grande et belle journée» pour le Québec et l’Ontario, car les deux provinces représentent 50% de l’économie canadienne et 62% de la population du pays.

M. Couillard a vanté les mérites du marché du carbone, qui «met le fardeau sur les émetteurs» de GES. L’autre avantage de ce système, a ajouté le premier ministre, est d’«alimenter le Fonds vert» et de faire ainsi la démonstration que la lutte contre les changements climatiques va de pair avec la croissance économique.

«Ne rien faire entrainera une détérioration de la qualité de l’air, plus de congestion routière, une détérioration de l’environnement et une augmentation des coûts pour notre économie», ont fait valoir Philippe Couillard et Kathleen Wynne.

Publicité

Ottawa

Estimées à 3,3 milliards $ d’ici 2020, les sommes consacrées au Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques représentent «un puissant moteur de relance économique et de création d’emplois», a affirmé le ministre québécois David Heurtel.

De son côté, le gouvernement fédéral veut annoncer ses cibles avant la conférence de Paris, et la ministre fédérale de l’Environnement, Leona Aglukkaq, a demandé aux provinces de lui envoyer davantage d’information sur leurs émissions de GES.

Kathleen Wynne a cependant invité le gouvernement fédéral à clarifier sa stratégie et à travailler davantage avec les provinces en matière d’environnement. Philippe Couillard, lui, estime que Canada, en sa qualité de grand producteur pétrolier, devrait être le pays «le plus actif» au monde dans la lutte contre les changements climatiques.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur