Libre-échange Canada-Europe: dites «fromage»!

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Publié 21/01/2014 par François Bergeron

Le futur accord de libre-échange Canada-Europe, qui continue de faire l’objet de tractations et qui entrera peut-être en vigueur en 2015, contribuera à ouvrir davantage aux industriels canadiens un marché de 500 millions de consommateurs.

On pense qu’il se traduira par une progression de 20% des échanges commerciaux actuels de part et d’autre, générant 35 milliards $ d’activités économiques par année. On est loin des 600 à 800 milliards $ directement associés au commerce canado-américain, mais ce n’est pas négligeable et ça ne peut qu’aller en augmentant.

Les Européens aussi, bien sûr, accèdent au marché canadien, qui leur sert souvent de tremplin vers le marché américain.

De chaque côté de l’Atlantique, chacun se demande ce qui risque de changer.

Chez nous, c’est tout de suite le secteur du fromage qui a sursauté. L’élimination des tarifs actuels très élevés et l’assouplissement de la réglementation sanitaire entraîneraient une «invasion» de fromages européens à des prix enfin concurrentiels.

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Des producteurs locaux (plus nombreux au Québec) craignent une baisse dramatique de leurs revenus et réclament qu’un système de compensations soit mis en place dès l’entrée en vigueur du traité.

Quantité et qualité

«Les producteurs locaux sont surtout inquiets de la quantité de fromages qui entrera au pays», fait remarquer Nicolas Lenoir, fromager chez Olympic Cheese au marché St-Lawrence à Toronto. «Nous, c’est surtout la qualité qui nous intéresse.»

Établi depuis 8 mois à Toronto (pour suivre son épouse qui y a décroché un emploi, un grand classique), M. Lenoir a mis à profit son expérience dans la fromagerie de ses parents en France pour s’associer à Olympic Cheese, le comptoir de la famille Tsioros, père et fils, qui existe depuis 1958 au marché St. Lawrence et, depuis peu, à Markham.

«Nous offrons déjà environ 700 variétés de fromages, canadiens, européens et autres», indique M. Lenoir, «mais bien sûr les européens sont plus chers et on ne peut pas tout importer: un grand nombre d’excellents fromages au lait cru sont interdits.»

Chez Olympic Cheese, on a très hâte à l’entrée en vigueur du libre-échange Canada-Europe.

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M. Lenoir dit comprendre les inquiétudes des producteurs canadiens, mais il croit que la baisse des prix entraînera une hausse de la consommation et une meilleure appréciation des bons fromages.

Et avec l’assouplissement de la règlementation, il se dit confiant que «les producteurs canadiens pourront eux aussi offrir de nouveaux produits de qualité».

Familles de fromagers

Il en parle d’ailleurs comme un vigneron de ses vins, faisant remarquer la finesse de la pâte, l’originalité des ingrédients ou la particularité du processus de fabrication.

Nick Tsioros (le fils), est lui aussi tombé dans la marmite quand il était petit et il connaît son affaire: il est d’ailleurs juge au concours annuel des meilleurs fromages au monde, dont la dernière édition se tenait en Angleterre.

Optimiste, donc, M. Lenoir fait valoir que les Canadiens aiment leurs produits locaux (qui représentent déjà 50% des ventes d’Olympic Cheese) et aiment les produits spéciaux (qui font la force de comptoirs comme ceux du marché St. Lawrence, par rapport aux chaînes de supermarché).

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Vivement le libre-échange!

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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