Liban: moins de réflexe, plus de réflexion

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Publié 25/07/2006 par François Bergeron

Quand un voisin lance une pierre dans votre fenêtre, vous ne réagissez pas en incendiant sa maison. Mais si ce même voisin, peut-être avec la complicité d’autres délinquants du quartier, vous harcèlent de cette manière pendant trop longtemps, il se peut qu’un dernier incident vous fasse perdre le sens des proportions et que votre colère fasse des victimes innocentes.

Depuis le 12 juillet, Israël bombarde des villages du sud-Liban et des quartiers de la capitale Beyrouth, de même que des routes, des ponts, l’aéroport et des infrastructures essentielles touchant à l’eau, l’électricité, l’approvisionnement, les soins de santé, tuant quelques combattants ennemis mais évidemment surtout des civils.

Ce 12 juillet, un commando du Hezbollah a tué huit soldats israéliens et en a enlevé deux à la frontière, dont les villages israéliens essuient depuis longtemps des tirs de roquettes.

Le 25 juin, des combattants palestiniens venus de la bande de Gaza – qu’Israël venait pourtant d’évacuer, mais qui servait aussi de rampe de lancement de roquettes – avaient tué deux soldats et en avaient enlevé un autre, provoquant là aussi une riposte démesurée qui se poursuit.

Ces actions des islamistes, aidés peut-être (mais pas téléguidés) par l’Iran, la Syrie et la mouvance religieuse dans plusieurs pays, visent à radicaliser les populations du Moyen-Orient, scandalisées par l’invasion de l’Irak et la persécution des Palestiniens, et à affaiblir les gouvernements arabes pro-occidentaux qui n’arrivent pas à influencer les États-Unis et Israël.

Le Hezbollah, le «parti de Dieu», est un mouvement politique chiite (l’une des deux branches moyenâgeuses de l’Islam, l’autre étant le waabisme d’Arabie Saoudite) membre de la coalition gouvernementale libanaise mais dont la milice est mieux équipée que l’armée du pays, notamment depuis le retrait récent de la Syrie à la demande de la majorité des Libanais.

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En 1982, Israël avait envahi le Liban pour des raisons semblables. C’étaient alors les réfugiés palestiniens au Liban qui attaquaient l’État hébreu. Israël ne s’en était retiré complètement qu’en 2000. Le récent retrait de la bande de Gaza devait être le prélude à un désengagement plus important de Cisjordanie devant mener à la création d’un État palestinien viable.

L’intervention israélienne actuelle au Liban et à Gaza suscite, dans la région et à travers le monde, un ressentiment contre Israël et son allié américain (sa marionnette, plutôt) qui va causer de plus gros problèmes à long terme que ceux qu’elle pourrait régler à court terme. L’inaction de Washington, tout comme la déclaration de Stephen Harper en appui à la réponse «mesurée» d’Israël, tiennent davantage du réflexe (de soumission) que de la réflexion.

Ce n’est pas d’hier qu’Israël répond aux jets de pierres par les balles, aux balles par les bombes, et aux bombes par les bulldozers et la destruction de villages ou de quartiers au complet. Oeil pour oeil… mon oeil! Cette sauvagerie produit toujours plus d’ennemis qu’elle ne réussit à en éliminer.

Pire, cette stratégie pourrait viser – comme la «guerre au terrorisme» de l’administration américaine – à perpétuer un état de guerre ou de crise jugé profitable par le régime et par ses amis militaires et industriels, qui ont besoin d’ennemis terrifiants pour justifier leur existence.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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