Si les Jeux olympiques sont obligatoirement l’affaire des démocraties ou des régimes qui ne risquent pas d’offenser nos sensibilités libérales, il ne fallait pas les accorder à Beijing en 2008.
Il est trop tard aujourd’hui pour suggérer de boycotter les Jeux d’été parce que le gouvernement chinois réprime brutalement les autonomistes tibétains, transige avec le régime génocidaire du Soudan, pratique l’espionnage industriel à grande échelle, restreint l’accès de ses citoyens à l’Internet ou continue de menacer Taïwan de blocus ou d’invasion.
Le Comité international olympique savait parfaitement à qui il avait affaire quand il a voté pour Beijing (contre Toronto, entre autres). Personne ne s’attendait sérieusement à ce que la venue des Jeux devienne le catalyseur d’une détente entre la Chine et ses voisins, ni d’une libéralisation du régime pour ses 1.2 milliard de citoyens. Au contraire, la récupération de cet honneur par le régime communiste pour stimuler le «patriotisme» et mater la dissidence était par trop prévisible.
Donc, le sort en est jeté. Envoyons nos athlètes à Beijing cet été. Participons aux cérémonies d’ouvertures même, afin d’entretenir un dialogue toujours utile avec le pays le plus populeux de la planète, partenaire commercial important, destination touristique fascinante, interlocuteur incontournable sur la protection de l’environnement et sur diverses questions de sécurité.
Les Autochtones du Canada ont pris bonne note de la publicité que les manifestations contre le flambeau olympique ont générée à travers le monde pour la cause du Tibet. Les Européens pleurent déjà facilement pour nos surpopulations de phoques qui bouffent nos souspopulations de poissons; imaginez ce que nos chefs en coiffes à plumes et attrape-rêve pourront en tirer en 2010 au nom de leurs villages miséreux. Cela fera une distraction mais, comme pour le Tibet, cela ne changera pas la situation sur le terrain.