Les prisonniers afghans: bof…

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Publié 12/12/2009 par François Bergeron

L’opposition fait son travail en pressant le gouvernement de questions et en critiquant ses réponses contradictoires, mais Libéraux et Néo-Démocrates ne tireront pas grand chose du «scandale» des détenus torturés dans les prisons afgnanes.

Tous les détenus sont sans doute maltraités dans toutes les prisons en Afghanistan. Mais on s’intéresse ici bien sûr aux combattants ennemis capturés par nos soldats canadiens et remis aux autorités du pays, comme le stipulent les règles d’engagement de ce conflit.

Que peut-on en faire d’autre? Les garder nous-mêmes et les juger dans un bâtiment spécial sur notre base de Kandahar? Les relâcher dans la nature comme les pirates somaliens? On ne semble pas s’inquiéter de ceux qu’on a tués au cours des opérations: là aussi il y avait peut-être quelques simples «fermiers» innocents parmi les victimes. On ne serait pas dans ce pétrin si on les avait tous tués au lieu de les faire prisonniers!

Le gouvernement ou l’état-major se doutait ou savait en 2006 ou 2007 que un ou plusieurs prisonniers faits par les Canadiens et remis aux autorités ont été brutalisés ou risquaient de l’être… Et alors? C’est la guerre. Ils nous tirent dessus. On les bombarde. Ils placent des bombes sur les routes. On les traque. On a besoin d’interroger les ennemis capturés pour mieux prévoir la suite. Quand on sera parti, ils continueront de s’entretuer. Laissons aux Pakistanais et aux Iraniens le soin de calmer le jeu chez leurs voisins afghans.

La même approche serait de mise face à la Corée du Nord: c’est un dossier pour la Corée du Sud, la Chine et le Japon, pas pour les États-Unis. La Guerre froide est terminée: l’Afghanistan et la Corée du Nord ne sont plus des «dominos».

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Ceux qui croient avoir enfin trouvé là une faille dans l’armure de Stephen Harper s’apercevront que ce n’est qu’une petite saleté. Si les Conservateurs continuent de grimper dans les sondages malgré les difficultés économiques (moins pires que celles des autres pays), les déficits (réclamés à grands cris par l’opposition l’an dernier), la grippe H1N1 (y avait rien là), la mollesse d’Ottawa face à la catastrophe climatique annoncée (scepticisme partagé secrètement par une majorité de Canadiens) et l’abolition du registre des armes à feu (pour laquelle ont aussi voté des Néo-Démocrates et des Libéraux), ce n’est pas quelques cas de prisonniers afghans battus qui vont renverser la vapeur.

C’est l’épouse de Stéphane Dion qui avait raison dans son blogue: Michael Ignatieff aurait dû permettre à la coalition libérale-néo-démocrate-bloquiste de renverser le gouvernement conservateur l’hiver dernier. Les Canadiens se seraient faits à l’idée et auraient appris à apprécier le travail du gouvernement dans la tourmente. Au pouvoir, les Libéraux auraient pu faire tous les procès d’intentions aux Conservateurs et récupérer à leur compte l’argument sur le besoin de stabilité politique pour différer les élections.

Tout n’est cependant pas perdu pour les Libéraux. L’appui manifesté par environ 40% de Canadiens aux Conservateurs reste circonstanciel et conditionnel. Un grand nombre de Canadiens restent ouverts à une alternative crédible à Harper. On ne sait pas comment Ignatieff se comportera dans le feu de la prochaine campagne électorale. Peut-être va-t-il cesser de dire des platitudes pour enfin dévoiler un programme cohérent sur l’assainissement des finances publiques, la relance économique, la protection de l’environnement et les autres défis de la société canadienne.

Il sera brillant ou il va s’écraser… On disait la même chose de Dion l’an dernier…

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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