On ne devrait pas avoir le droit de pondre des chansons quand on est en proie à une peine de cœur ou une quelconque crise existentielle. Le chagrin, pour un auteur-compositeur, c’est comme les stéroïdes pour un athlète: ça fausse la donne, ça rend la performance trop facile. Le véritable exploit serait plutôt d’écrire des chansons lorsqu’on est heureux, ou, mieux encore, d’écrire des chansons heureuses.
En ce sens, Confiance (Audiogram) est un disque héroïque. Et de dire que le plus récent opus de Michel Rivard respire le bonheur, comme si cela allait de soi, ne rendrait pas justice au rigoureux sens du métier auquel se reconnaît toute son œuvre.
Après plusieurs décennies passées à l’avant-scène de la musique québécoise, Rivard semble désormais satisfait de se replier, en solitaire, sur son travail d’orfèvre. C’est d’ailleurs chez lui qu’il s’est accordé le temps de ciseler et d’enregistrer la douzaine de chansons de Confiance, avec la sérénité de celui qui semble avoir accepté les clauses de son contrat avec l’amour et le passage des ans.
Malgré tout, la présence de quelques clins d’œil érudits – comme cette citation verbatim du solo d’orgue de 96 Tears, en plein cœur de Robinoude, chanson d’amour pour un vélo d’enfance – démontre que Rivard n’a pas perdu son sens de l’humour.
On ne découvrira rien, sur Confiance, qui puisse aspirer à l’ubiquité du Retour de Don Quichotte ou de Je voudrais voir la mer, mais les ruminations confidentielles de Photo dans ma tête ou J’te dis oui, dont l’écriture ne révèle aucun effort apparent, s’imposent au gré des écoutes, nous rappelant que certaines des chansons les plus universelles sont, à la source, les plus personnelles.