Les partis dévoilent leurs engagements sur les questions francophones

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Publié 21/02/2006 par Marta Dolecki

Lors de leurs débats et apparitions publiques, les chefs des partis en ont très peu dit sur les promesses de soutien aux communautés francophones hors Québec. Le voile entourant ces questions a finalement été levé lors du tout dernier sprint de la campagne électorale. La semaine passée, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a obtenu des quatre partis des réponses à son questionnaire centré sur les enjeux chers à la minorité francophone.

La FCFA salue les engagements pris en la matière par les libéraux, les conservateurs, les néo-démocrates et le Parti vert, mais souhaiterait aussi que les partis politiques posent davantage de gestes concrets pour appuyer les communautés francophones hors Québec.

«On sent qu’il y a partout une volonté d’épauler le travail qui se fait dans nos communautés», fait valoir, en entrevue, le président de la FCFA, Jean-Guy Rioux. «Cependant, on est loin d’être satisfaits. Les réponses à notre questionnaire ne contiennent pas d’énoncés sur le plan du développement global de nos communautés. Beaucoup de partis considèrent qu’ils ont devant eux un menu tout préparé pour les communautés francophones et acadienne. Ils y ajoutent à leur gré ce qu’ils pensent être le mieux pour nous, sans vraiment nous consulter», dit M. Rioux.

En décembre dernier, la FCFA a soumis son questionnaire aux partis. Ce dernier portait sur des enjeux tels que l’éducation en français en milieu minoritaire, les langues officielles, le développement communautaire, les relations entre le fédéral et les collectivités francophones et acadiennes, ou, plus largement encore, la place du Canada dans le monde.

Le plus grand virage de la campagne, c’est de loin, estime Jean-Guy Rioux, celui entrepris par le chef conservateur.

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Si, en 2002, Stephen Harper ne se gênait pas pour critiquer ouvertement la politique fédérale du bilinguisme, il semble depuis avoir fait ses classes. Le chef du Parti conservateur mise maintenant sur une image adoucie. La création d’un Secrétariat aux Affaires francophones au sein du ministère du Patrimoine canadien figure au nombre des promesses énoncées par son parti.

En formulant son appui au projet de loi S-3 du sénateur Gauthier, Stephen Harper n’hésite pas non plus à faire profession de foi à l’égard de la Loi sur les langues officielles. «Depuis un an et demi, tout porte à croire qu’un changement de mentalité s’est opéré chez les conservateurs, commente M. Rioux à ce sujet. Cependant, le Secrétariat des Affaires francophones n’est pour l’instant qu’un énoncé de principes, tempère-t-il. Il faut s’assurer d’être présents dès le début pour ne pas se faire imposer une nouvelle structure par laquelle on devrait ensuite passer pour négocier avec Patrimoine.»

Les propositions énoncées par les libéraux contiennent quant à elles… la liste de leurs accomplissements passés. On n’y apprend rien de neuf, à savoir, que le Plan d’action sur les langues officielles continue jusqu’en 2008, avec, une fois cette date passée, un renouvellement rendu possible grâce un financement annuel de 215 millions $.

Néanmoins, dans ce tourbillon de promesses et d’énoncés de bonne volonté, la bonification des ententes Canada-communautés, l’un des principaux chevaux de bataille de la FCFA, ne figure nulle part au chapitre des réponses du parti. La FCFA a pourtant fait pression pour demander à plusieurs reprises aux libéraux que l’enveloppe de 24,4 millions $ allouée aux ententes soit augmentée de 18 millions $, pour un total de 42,4 millions $, et ce, pour l’année 2005-2006.

«On est déçu parce que l’on pensait obtenir une bonification de ces ententes avant même les élections, justifie le président de la FCFA. Les besoins, les priorités de nos collectivités ne sont plus les mêmes. Il y a de nouveaux dossiers qui se sont ajoutés et qui sont très complexes. Il faut qu’il y ait des investissements qui suivent si jamais l’on veut inscrire nos communautés dans la modernité», lance M. Rioux.

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Quant au Nouveau parti démocratique (NDP), il se veut inclusif, utilisant à l’envie les termes «collaboration» «consultation» et «participation», en référence aux différentes communautés francophones et acadiennes. La FCFA, elle, réclame des mesures concrètes plutôt que de simples énoncés d’intentions de la part du NPD. «Les néo-démocrates ont des idées qui sont intéressantes, mais pas de plan d’action en tant que tel et c’est un peu ce qu’on leur reproche», note Jean-Guy Rioux.

Si les réponses envoyées par le Parti vert tiennent en moins d’une page, M. Rioux loue tout de même la volonté du parti de vouloir travailler avec les communautés.

Maintenant, la réalité des chiffres et du terrain. Les sondages classent Stephen Harper bon premier, avec une dizaine de points d’avance sur les libéraux. La FCFA sera-t-elle capable de travailler, main dans la main, avec un gouvernement conservateur fraîchement élu, si tel venait à en être le scénario?

Jean-Guy Rioux se veut optimiste, mais émet aussi des craintes à l’idée de collaborer avec un parti qui, traditionnellement, n’a pas toujours été en faveur des francophones. «C’est bien beau d’énoncer des principes, mais c’est par les actions qu’on va juger les partis. On va tenter de faire un suivi là-dessus», conclut le président de la FCFA.

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