Dans la plupart des médias, on a parlé de «la guerre en Irak» sur le mode contemplatif, comme de la neige au Canada. Ou encore de «la guerre entre les États-Unis et l’Irak», comme si les deux scorpions étaient enfermés dans une bouteille à l’exemple de la Palestine, de l’Irlande, des Balkans, du Kashmir, etc.
En fait, «la guerre contre l’Irak» ou «l’invasion de l’Irak» était une action unilatérale qui mettait en présence un agresseur et une victime, pas deux belligérants de longue date dont les intérêts seraient presqu’inévitablement antagonistes.
Terrorism is bad
Washington a prétendu que la guerre contre l’Irak s’inscrivait dans la lutte contre le terrorisme, suite aux attentats islamistes du 11 septembre 2001, au même titre que le renversement du régime des Talibans en Afghanistan quelques mois plus tard. Ce n’était une guerre «préventive» (un concept iconoclaste) que dans la mesure où elle visait à empêcher l’Irak de se doter d’armes chimiques, biologiques ou nucléaires qui pourraient être refilées à des groupes terroristes anti-américains. Du désarmement à l’élimination du régime, il n’y a toujours eu qu’un pas…
En réalité, c’était une guerre impérialiste classique. L’intervention américaine visait à empêcher le régime de Saddam Hussein et du parti Baath d’acquérir, avec les revenus du pétrole, les moyens de s’affranchir des sanctions de l’ONU pour normaliser ses relations avec ses voisins et ses clients. À plus long terme, il s’agissait aussi de freiner l’ascension de l’euro, au détriment du dollar américain, en tant que monnaie de référence dans les échanges internationaux. Depuis le début de 2001, Bagdad demandait que son pétrole lui soit payé en euros…
Le danger de voir Saddam tourner de nouvelles armes contre des alliés des États-Unis (Israël, Koweït, Arabie Saoudite, Jordanie, etc.) ou en équiper des groupes terroristes a toujours été très peu plausible. Il aurait – il a – été détruit pour bien moins que ça.