Les interprètes ont joué un rôle primordial au temps des colonies

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Publié 03/04/2012 par Guillaume Garcia

Lorsqu’ils arrivèrent en Amérique, les Français et les Anglais ont dû rapidement faire en sorte de pouvoir communiquer avec les peuples autochtones, sans quoi ils auraient couru à leur perte. Pour évangéliser, pour échanger, pour combattre, les interprètes ont joué un rôle primordial qui leur ont parfois permis d’accéder à une ascension sociale fulgurante.

Quelles techniques?

La première volonté des peuples blancs venus «coloniser» l’Amérique a été de l’évangéliser et pour cela il fallait maîtriser la langue. La formation des interprètes s’est faite de différentes manières, souvent en compilant des «traductions» des mots ou idées autochtones sur papier, qui étaient perfectionnées avec le temps, mais aussi parfois en enlevant des Amérindiens à leurs familles pour venir les former en Europe.

Samuel de Champlain a d’ailleurs utilisé cette méthode en ramenant un Amérindien à St-Malo, nous a glissé Paul Cohen, professeur agrégé d’histoire de France et conférencier invité récemment par la Société d’histoire de Toronto à l’Alliance française.

Les Européens possédaient déjà des «techniques» d’interprétation avec l’arabe et l’hébreu, Christophe Colomb avait d’ailleurs pris le soin d’emmener avec lui des interprètes d’arabe et d’hébreu, sachant que le commerce dans l’océan Indien se faisait dans ces deux langues.

Du côté des Amérindiens, le contrôle de leur langue était primordial pour contrôler les termes de l’échange. Les chefs de tribus demandaient souvent aux autres membres de ne pas aider les Européens dans la compréhension de leur langue.

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Tout un apprentissage!

En Amérique du Sud, pour pallier ce problème, les Espagnols ont dû créer une nouvelle langue basée sur les enseignements tirés de l’étude de plusieurs dialectes locaux.

C’est ainsi qu’est né le quechua, aujourd’hui parlé par la plupart des Indiens andins.

Paul Cohen indiquait la réussite des Français, comparé aux Anglais, dans l’apprentissage des langues amérindiennes. Tout d’abord, les Français possédaient les Jésuites, les missionnaires les mieux formés de l’Europe et surtout un cruel besoin des autochtones pour survivre.

Une nécessité francophone

Les colonies de Nouvelle-France étaient petites, à la différence de celles de la couronne d’Angleterre. Beaucoup d’hommes ont préféré gagner de l’argent en devenant coureurs des bois plutôt que de rester comme agriculteurs et posséder la terre.

La France avait donc grandement besoin de l’appui des Amérindiens. Près d’un quart du budget des colonies partait en cadeaux pour les peuples autochtones, nous a appris le professeur Cohen. «La France dépend de ses alliés amérindiens.» L’importance capitale que l’interprétation dans l’Amérique française, selon Paul Cohen, est le reflet d’une nécessité. Tous doivent trouver un moyen de communiquer pour échanger.

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Paul Cohen avance qu’après plusieurs années de colonisation, la France n’était parvenue à installer que 70 000 colons, quand l’Angleterre en avait déjà amené 400 000.

Cette spécialité française de médiation linguistique a donc été forgée par l’impératif de se comprendre pour se défendre et survivre.

La compétence culturelle peut être une arme et celle-ci est née de la faiblesse démographique et militaire de la France en Amérique du Nord. Paul Cohen a conclu sa conférence donnée à l’Alliance française dans le cadre de la Semaine de la francophonie en expliquant que l’empire français d’Amérique du Nord se retrouvait être, in fine, un empire d’intermédiaires plus qu’un empire «régalien».

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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