Confondant les sondages qui prédisaient un score serré, plus de 60% des Grecs ont voté «non», dimanche, au nouveau plan d’aide financière de leurs partenaires européens, que leur premier ministre Alexis Tsipras jugeait humiliant et inacceptable.
On verra, dans les prochains jours, si ce développement va améliorer ou empirer la situation:
– permettre l’ouverture des banques après cette semaine surréaliste de congé… ou les acculer à la faillite, occasionnant des pertes importantes aux citoyens qui n’avaient pas encore vidé leurs comptes;
– convaincre les créanciers de la Grèce d’effacer (encore) une partie de sa dette et de continuer à lui prêter de l’argent pour subvenir aux besoins de son gouvernement déficitaire… ou les inciter à définitivement tourner le dos à cette administration incompétente et corrompue;
– amener l’Allemagne, la France et les autres membres de l’Union européenne à accommoder la Grèce… ou à lui montrer la sortie de l’eurozone (de l’UE?, de l’OTAN?);
– galvaniser les Grecs qui ont rejeté «l’austérité» à prendre leur avenir en main et à trouver des moyens originaux de relancer leur économie… ou les terroriser davantage et plonger le pays en dépression.
Dans les deux cas, le retour à la normale n’est pas pour demain, et ce ne sera pas un retour à la stabilité illusoire et au niveau de vie artificiel d’avant la crise de 2008-2009, mais bien – dans le meilleur des scénarios – à la croissance, anémique mais réelle, qui commençait à se manifester avant l’élection de Syriza en janvier.
On va entendre souvent, peut-être de la bouche même du premier ministre, que «ça va empirer avant de s’améliorer». Malheureusement, c’est précisément là l’expérience difficile des cinq dernières années, qu’on s’apprête à répéter.
La raison d’être de Syriza (Synaspismós Rizospastikís Aristerás: «Coalition de la gauche radicale») est d’offrir une alternative aux politiques «d’austérité» qui empêcheraient la Grèce de relancer son économie. Les ultranationalistes appelaient eux aussi à voter «non» dimanche, tandis que les partis traditionnels, conservateurs et socialistes, qui gouvernent la Grèce depuis la fin de la dictature des colonels en 1974, prônaient le «oui» au plan issu de négociations qui duraient depuis cinq mois.