Les fruits mûrs de Maxime Le Forestier

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Publié 04/11/2008 par Dominique Denis

Bonheur du décalage – Restons amants est paru en France au mois de mai, à temps pour les premiers vraiment beaux jours et, avec un peu de veine, pour les amours nouvelles. Mais puisque j’avais rangé mon chapeau de critique pendant l’été (et négligé tout ce qui ressemble à l’actualité musicale), le plus récent album de Maxime Le Forestier atteignait mes oreilles alors que les jours commençaient à se faire plus brefs, et que le besoin de chansons nourrissantes se faisait plus pressant.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’attente en aura valu la peine. Non seulement parce que Restons amants est un vrai disque d’automne, en ce sens que les chansons qui le composent semblent tournées vers l’intérieur, mais aussi parce qu’on tient là le genre de disque dont on sait d’emblée qu’on ira y puiser bonheur et inspiration dans les mois et les années à venir, longtemps après que la poussière sera retombée sur la vacuité du vacarme ambiant.

Voici un disque dont on chercherait en vain les tares. Il faut dire que, même durant ses années de contestation grano, Maxime était déjà un redoutable perfectionniste, et le temps n’a fait qu’accentuer cette qualité. Pas une rime ni une note de guitare dans cette plus récente récolte qui n’ait été longuement mûrie, et les fruits de ce travail d’orfèvre constituent un des plus grands plaisirs de Restons amants.

Après cette fâcheuse parenthèse électroniques des années 80 (motivée, rappelons-le, par la même obsession de perfection), Maxime semble s’être installé dans un registre acoustique et intimiste qui confère à son répertoire une enveloppe sonore indémodable.

En faisant du travail à partir de la langue (des doubles sens, surtout) le point de départ de nombreuses chansons, Le Forestier signe ce qu’on appelle parfois péjorativement des exercices de style. Lorsque de tels exercices font écho à certaines plus anciennes chansons, on pourrait croire que le style prend le pas sur l’urgence de dire. Mais qu’importe si la réflexion anthropologique de La meute et le troupeau s’inscrit dans le sillage de La rue Darwin, ou si Le juge et la blonde affiche un peu trop explicitement sa dette envers Brassens, il serait fou de bouder le plaisir intelligent que nous procure de telles chansons.

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Et question de faire mouche à tous les registres, Maxime clôt son nouvel opus avec L’hymne à la soie, un somptueux duo avec Émmanuelle Béart qui n’a rien à envier aux plus érotiques collaborations de Gainsbourg avec Bardot, Birkin et compagnie. Comme quoi l’intelligence et le frisson ne sont pas mutuellement exclusifs.

Le défi de Mes Aïeux

Après l’ubiquité bien méritée de Dégénérations – devenue en peu de temps une chanson-phare pour une génération entière, et un classique du répertoire québécois, la barre était haut placée pour Mes Aïeux. La ligne Orange (Disques Victoire), le plus récent album du septuor québécois, relève courageusement le défi : qu’il s’agisse de l’engagement social, de l’humour adolescent ou de la mythologie québécoise (leurs trois principaux registres), Mes Aïeux mise sur ses forces et en rajoute, tant sur le fond que la manière.

C’est ainsi que Le Stade (un conte cinglé au carrefour du folklore urbain et de la science-fiction) ou encore Le fantôme du Forum (hymne à la mémoire de Howie Morenz, le premier héros du Canadien de Montréal) prennent ici des dimensions carrément épiques, taillées sur mesure pour les grands déploiements qui caractérisent désormais les concerts du groupe (et s’il fallait formuler un bémol à l’égard de La Ligne Orange, c’est précisément que la plupart des chansons qui le composent gagnent à être vécues sur scène, et perdent un peu de leur impact lorsqu’on en perd la dimension visuelle.

Si le propos de Dégénérations a fait vibrer une corde sensible, il ne faudrait pas croire que la récurrence d’un propos engagé, tantôt amusé (Prière cathodique), tantôt inquiet (Déni de l’évidence, La dérive) soit dicté par l’opportunisme. Avec Daniel Boucher (et dans le sillage de Richard Desjardins), Mes Aïeux sont désormais ceux sur qui il faudra compter pour dire les choses telles qu’elles sont, surtout s’il s’agit de vérités qui font mal à entendre.

Mais en cette saison au parfum d’apocalypse (financière, écologique, voire sociale), on aurait tort de reprocher à Mes Aïeux de tirer la sonnette d’alarme.

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J’ai trouvé dans une chanson

Figure emblématique de la scène acadienne, où il occupe une place de choix depuis les années 80, Ronald Bourgeois demeure relativement peu connu dans le reste de l’espace francophone, malgré quelques succès (Granby 1982, notamment) et plusieurs collaborations de haut profil (Gaston Mandeville du côté français, Rita McNeil du côté anglais).

L’étiquette À l’infini compte bien remédier à cette injustice en rassemblant sur J’ai trouvé dans une chanson une impressionnante brochette d’interprètes: Sylvie Bernard, Swing, Blou, Crystal Plamondon, Florent Vollant, Jean-François Breau et Daniel Lavoie, entre autres, chacun y allant d’une relecture affectueuse de chansons qui revendiquent leur identité acadienne tout en s’inspirant – pour le meilleur comme le pire – du country.

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