Les femmes francophones de Toronto auront leur maison d’hébergement

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Publié 23/02/2010 par Guillaume Garcia

La violence domestique reste un sujet que l’on préfère garder secret, par honte, par peur, les explications ne manquent pas. Il existe à Toronto des maisons d’hébergement pour accueillir les victimes de violences, mais aucune ne délivre ses services en français. Ce ne sera bientôt plus le cas: l’organisme La Maison d’hébergement francophone de Toronto a reçu une aide de 5,2 millions $ de la part du gouvernement de l’Ontario pour acheter un terrain et bâtir une maison qui devrait être fonctionnelle dans deux ans.

Voilà plusieurs années que les femmes francophones de la région de Toronto attendaient la création d’une maison qui puisse accueillir celles d’entre elles victimes de violence domestique.

À l’échelle provinciale, l’organisme Action ontarienne contre la violence faite aux femmes s’occupe du lobbying auprès des différents ministères et fait figure de coordonnateur des différents organismes locaux.

L’annonce de cette première maison, qui doit ouvrir ses portes en 2011 à Toronto intervient alors qu’on termine la construction d’un pareil édifice à Timmins. «On s’est fermé les yeux trop longtemps», a lancé la ministre Madeleine Meilleur lors de l’annonce de la subvention gouvernementale de 5,2 millions $, qui s’est déroulée au Centre francophone de Toronto mercredi 17 février au matin.

Elle a rappelé que depuis 2005/2006, elle a pris connaissance du dossier de la Maison d’hébergement francophone de Toronto et que cette subvention entre dans le cadre d’une stratégie plus grande d’améliorer les services en français et le suivi des victimes.
Dans la foulée, Julie Lassonde, qui est la présidente du Conseil d’administration de l’organisme à but non lucratif a précisé l’importance d’avoir une telle institution à Toronto puisque s’ajoute aux difficultés personnelles celle de la langue quand des femmes sont référées au sein de maisons d’hébergement anglophones. «Elles ne sont pas à l’aise».

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Ce projet a commencé à prendre forme il y a près de cinq ans, après la conduite d’études de besoin et de faisabilité.

Le premier rapport, suite à l’étude des besoins, montrait que la loi sur les services en français donnait le droit aux femmes francophones de bénéficier d’un tel endroit en cas de violence. De multiples données existent et démontrent la violence faite aux femmes, mais résumons à ceci: 25 % des femmes en Ontario subiront la violence conjugale au moins une fois dans leur vie.

Les données de l’étude des besoins ont été recueillies auprès de femmes fréquentant le Centre francophone de Toronto et Oasis Centre des femmes. D’après leur témoignage, elles auraient utilisé les services de maisons d’hébergement anglophones, des refuges pour sans-abri adultes, car rien n’existait en français. À noter que toutes sont immigrantes de première génération venant d’Afrique et ne percevaient, sauf une, pas de revenu supérieur à 9999 $ par an.

Le besoin n’a pas été très difficile à mettre en évidence et l’étude de faisabilité du projet a pu avoir lieu. La somme de 5,2 millions $ versée par le gouvernement de l’Ontario représente les frais nécessaires à l’achat du terrain, la planification architecturale de la maison et la réalisation.

Une directrice générale devra également être prochainement embauchée pour préparer les activités pour que la maison soit opérationnelle dès son ouverture. Les victimes pourront donc y trouver un toit, mais aussi une gamme de services de counselling, d’aide psychologique, d’aide à l’emploi, etc.

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Cette gamme de services sera à compléter selon Madeleine Meilleur, mais au moins des services existent. Un des principaux défis connexes sera de travailler avec les maisons d’hébergement anglophones pour qu’elles réfèrent leur clientèle francophone au nouvel organisme.

Et cela ne sera pas une mince affaire. «C’est la guerre des chiffres», glisse un travailleur du milieu social. «Le gouvernement est le bailleur de fonds de toutes les maisons d’hébergement, il va falloir qu’il fixe les règles.»

La localisation de la maison d’hébergement ne devrait pas être communiquée au public, pour la sécurité de ceux qui y trouveront refuge.

Quant à la limite de 20 places disponibles, Jeanne-Fançois Moué, d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes rassure: «On ne laissera pas une femme dans une situation de violence, on la référera dans un organisme anglophone, mais elle viendra bénéficier des services en français.»

Il n’y a plus qu’à attendre la réalisation de la maison en espérant qu’aucun tracas administratif ne viendra perturber l’avancement du dossier.
1 877 FEM AID ou 336-2433
Centre francophone de Toronto
Oasis Centre des femmes

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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