Les écoles francophones obtiennent de meilleurs résultats, mais à quel prix?

Épreuves provinciales

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Publié 09/02/2006 par Marta Dolecki

Avec un taux de réussite supérieur aux tests provinciaux d’écriture, de lecture et de mathématiques, les écoles francophones se classent bonnes premières devant les établissements anglophones. Selon les données rendues publiques la semaine dernière par l’Office de la qualité et de la responsabilité en éducation (OQRE), 64% des élèves de langue française ont atteint ou dépassé la norme provinciale en lecture, en écriture et en mathématiques.

Les tests provinciaux ont été administrés aux élèves en 3e, 6e et 9e années. En 3e et en 6e année, le nombre d’élèves qui ont réussi au-delà de la norme provinciale a augmenté de 2 à 5% dans presque toutes les matières. Au final, l’ensemble des résultats obtenus aux tests provinciaux a connu une hausse de 7% en deux ans, par rapport à l’année 2002-2003. L’objectif du gouvernement McGuinty est de parvenir à une moyenne de 75% de réussite dans les trois matières d’ici 2007-2008.

Les pourcentages récoltés par les établissements francophones constituent une bonne nouvelle pour bon nombre d’intervenants du milieu de l’éducation. Au Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest (CSDCSO), le personnel enseignant se réjouit. En 9e année, près de 80% des élèves du cours théorique de mathématiques ont atteint ou dépassé la norme provinciale. Le CSDCSO enregistre également de légères améliorations en écriture. Les résultats obtenus en lecture demeurent quant à eux relativement stables.

«Les résultats ont fait un bond de 9% en ce qui concerne les résultats obtenus par les élèves au cours théorique de mathématiques. Nous sommes contents que ces élèves-là aient si bien réussi», fait valoir Gyslaine Hunter-Perreault, surintendante de l’éducation au CSDCSO. «C’est toujours encourageant quand il y a des domaines dans lesquels on fait des progrès, ce qui est le cas avec la plupart des résultats. L’augmentation suit la moyenne de la province ou la dépasse dans certains cas», commente-t-elle.

Cette année, Mme Hunter-Perreault a recueilli l’ensemble des données fournies par les épreuves provinciales pour ensuite procéder à une analyse plus approfondie des résultats.

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La surintendante de l’éducation au CSDCSO fait état d’une augmentation d’environ 2% concernant l’ensemble des résultats obtenus par le conseil. Elle attribue cette hausse aux investissements en matière d’éducation, fruit des politiques du gouvernement de l’Ontario.

«Ces résultats ont été obtenus grâce au financement dont ont pu bénéficier les programmes en aménagement linguistique qui sont vraiment venus donner un nouveau souffle aux énergies dépensées dans les écoles de langue française. Cela nous a permis de ne plus rêver, mais de véritablement passer à l’action», d’analyser Mme Hunter-Perreault.

Si la surintendante de l’éducation ne cherche pas à minimiser la réussite des élèves du CSDCSO, elle demeure néanmoins prudente quant à l’interprétation des résultats obtenus aux épreuves provinciales.

«Il reste parfois difficile d’expliquer toutes les tendances et variantes, étant donné le nombre d’élèves, fait-elle valoir. Il faut toujours prendre en compte la grandeur du territoire sur laquelle les écoles sont reparties. Quand le nombre d’élèves est plutôt réduit, comme dans notre cas, les pourcentages ne veulent pas dire grand-chose, parce qu’ils fluctuent, selon les différentes cohortes chaque année.»

Comme le rappelle Gyslaine Hunter-Perreault, les tests ne sont qu’un des nombreux échantillons qui permettent d’évaluer le rendement des élèves issus des établissements francophones de la province.

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«On n’est pas si bons que ça»

Certains enseignants qui ont participé à la correction des tests provinciaux ne sont pas du même avis et questionnent les pourcentages élevés obtenus par les élèves francophones pour l’année 2004-2005.

«Ces tests, c’est de la rigolade!», témoigne l’un d’eux, membre de l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO) et qui a préféré ne pas être identifié.

«On est bons, mais on n’est pas aussi bons que ça, tempère-t-il. Les tests sont beaucoup plus faciles cette année. On a augmenté le nombre de questions à choix multiples. Les grilles d’évaluation ont également été refaites. Elles sont maintenant beaucoup moins sévères. C’est en ce sens que les notes des élèves ont augmenté», fait valoir l’enseignant.

Il explique qu’en écriture, les grilles d’évaluation, qui reposaient auparavant sur quatre critères, ont été simplifiées. Deux compétences, somme toute assez floues, intitulées «contenu» et «compétences linguistiques», constituent les seuls critères sur lesquels se basent les nouvelles grilles.

«Selon l’énoncé contenu dans les nouvelles grilles d’évaluation, il est convenu que, si les fautes ne nuisent pas à la compréhension, même si l’enfant n’a pas maîtrisé les accords, les «ent», les «s», le passé composé et les accents, c’est quand même un niveau 3, ce qui correspond à un B», fait valoir l’enseignant, visiblement indigné.

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Lors des corrections d’épreuves, ce même enseignant s’est dit forcé d’avoir eu à attribuer des notes de niveau 3, soit un B, à une copie qui ne l’aurait normalement pas mérité.

«C’est vraiment frustrant pour nous d’avoir eu à faire ça. C’est comme si, pour atteindre les 75% de réussite aux tests visés par le gouvernement, on nous poussait à donner de meilleures notes», dit-il.

L’enseignant dénonce aussi la manière dont se sont déroulées les corrections des épreuves de l’OQRE.

«Cette année, nous étions huit correcteurs francophones à corriger 5 000 copies en 10 jours, justifie-t-il. On corrigeait à grande échelle, une moyenne de 100 copies par jour. Forcément, avec la fatigue, on ne peut pas avoir le même degré de concentration toute la journée. On sentait la pression des chefs d’équipe qui nous poussaient à mettre plus de niveau 3, des B, pour augmenter la moyenne», souligne l’intervenant.

Ce dernier se dit désabusé face au système, estimant que les tests provinciaux ne reflètent pas véritablement le niveau de l’élève.

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