Les conservateurs aux Communes: ça y est. Avec un peu de chance, on n’entendra plus parler d’élections fédérales pour un an ou deux, peut-être plus si on est vraiment chanceux. Parce qu’un gouvernement minoritaire, ça peut être défait à tout moment. Parlez-en à Paul Martin.
La 39e élection générale est donc chose du passé. Elle a permis au Parti conservateur d’obtenir le plus grand nombre de sièges à la Chambre des Communes et de former le prochain gouvernement. Mais puisque le nombre de sièges est inférieur aux 155 requis pour avoir la majorité absolue en chambre, on parle d’un gouvernement minoritaire. Fin de l’exposé politique.
Vous vous doutez bien que c’est davantage l’aspect linguistique de cette élection qui a retenu mon attention. En fait, ma curiosité s’est posée sur deux mots que l’on retrouve dans le titre de cette chronique: «conservateurs» et «Communes». Avouez tout de même que pour un francophone non familier avec notre vocabulaire politique, un titre comme celui-là peut laisser perplexe.
Les Communes, d’abord. En fait, on parle de la Chambre des Communes, à laquelle on s’obstine à donner de la majuscule. L’expression vient de l’Angleterre, qui avait déjà sa «House of Commons». Mais le mot «commune», dans le sens utilisé par les Anglais, avait déjà été en usage en français. Le Dictionnaire historique de la langue française de Robert nous dit que tout au long du Moyen-Âge, le mot «commune» s’est rapporté à un bourg affranchi du joug féodal et placé sous l’administration de bourgeois organisés.
L’anglais «Commons» de «House of Commons» était lui-même emprunté au français «commune», désignant le peuple, par opposition à la noblesse, puis les représentants du peuple au Parlement. Il faut remarquer la traduction de «House» qui, curieusement, devient «Chambre» en français.
L’adjectif «conservateur», devenu un nom même dans sa définition politique, a aussi un parcours intéressant.