Les artistes se mobilisent pour la Corne de l’Afrique

Concert bénéfice au Lula lounge

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Publié 30/08/2011 par Annik Chalifour

La famine qui frappe actuellement la Corne de l’Afrique a été déclarée la pire de son histoire depuis des décennies. Certaines ONG canadiennes se sont mobilisées pour lancer une campagne commune de levée de fonds afin de venir en aide aux milliers de personnes déplacées, tandis que d’autres gèrent leurs opérations de façon indépendante comme Médecins sans Frontières (MSF). Batuki Music Society a organisé, en collaboration avec une quinzaine d’artistes torontois d’origine africaine, un concert bénéfice intitulé «Msaada» (qui signifie aide en Kiswahili), au Lula Lounge, jeudi 25 août.

Tous les fonds recueillis seront acheminés vers MSF afin d’appuyer les activités de secours médical menées par l’organisation en faveur des victimes de la famine en Somalie, au Kenya et en Éthiopie.

Le concert a présenté une impressionnante brochette d’artistes africains de la Ville Reine dont Henok Abebe, Kooshin, Girma Woldemichael, Gezahegn Mamo, Faduma Nakruma, Daniel Nebiat, Donné Roberts, Kemer Yousef, Njacko Backo & Val, Sonia Aimy, Ijo vudu Dance, Kwame Stephens, Hussein Adani, Yared Tesfaye, DJ Apollo.

À travers leurs musiques, chansons et danses, les artistes invités, dont plusieurs sont originaires de la région affectée par la famine, souhaitaient sensibiliser le public et amasser des fonds pour aider, à travers MSF, les populations décimées par le désastre qui sévit en Afrique de l’Est.

Le concert a permis à Batuki Music Society de recevoir 2232.25 $ de la part du public présent à l’événement: une soirée empreinte de sensibilité, de respect, et de solidarité africaine entre artistes de divers horizons.

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Situation d’abord politique

On nous dit que la situation dans la Corne de l’Afrique est conditionnée par une série de problématiques dont la sécheresse qui s’est transformée en famine, et le conflit en Somalie qui a provoqué l’exode de milliers de personnes.

On rapporte que les pluies tombées vers la fin de 2010 ayant été extrêmement faibles, ont aggravé la sécheresse dont souffre la région depuis deux ans, et gravement compromis les pâturages en Somalie, au Kenya, en Éthiopie et à Djibouti.

Pourtant, selon les propos récemment recueillis par Mathieu Mégevand dans Le Monde des Religions.fr: «On savait depuis janvier que la sécheresse aurait des répercussions humanitaires assez importantes, et qu’il faudrait sans doute faire quelque chose. Pourquoi dès lors rien n’a été fait?»

«La raison est simple et un peu lamentable: les États-Unis ont, en 2010, suspendu leur financement au programme alimentaire mondial, et pris des mesures légales qui criminalisent ceux qui apportent de l’aide dans les zones contrôlées par Shebab (Mouvement des jeunes combattants), considérée par Washington comme une organisation terroriste, avec pour motif le risque de voir ces aides détournées au profit de Shebab.»

Financement indépendant

«Cela a tué tout esprit d’initiative au sein de la plupart des ONG, et gelé tout contact avec les islamistes de la région. Mais heureusement, certaines ONG sont restées sur le terrain, et ce sont celles-ci qui travaillent aujourd’hui dans le Sud, avec beaucoup moins de difficultés que les autres, parce que les commandants de Shebab les connaissent.»

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Rappelons que MSF est l’un des principaux acteurs en matière de santé en Somalie depuis 20 ans. Malgré les difficultés, l’organisation demeure parmi les rares ONG à mener des activités médicales auprès de communautés du Sud et du Centre de la Somalie.

Sur son site Internet, elle mentionne que «pour ses projets en Somalie, MSF n’accepte aucun financement de la part des gouvernements et dépend exclusivement des dons privés.»

Selon Mégevand, «on peut tout de même se demander si les choix politiques des Américains, sans réelle vision à long terme, n’ont pas aggravé les conditions de l’accès humanitaire pour faire face à la famine actuelle.»

Au cœur de l’action

MSF dirige actuellement neuf programmes médico-nutritionnels dans le Centre-Sud de la Somalie et trois autres programmes d’envergure dans des camps au Kenya et en Éthiopie; des milliers de consultations médicales sont données par MSF sur le terrain au quotidien.

À ce jour, déjà plus de 26 000 enfants et femmes enceintes ou qui allaitent, ont bénéficié des programmes de nutrition de MSF dans toute la région de la Corne de l’Afrique.

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L’organisation a rapporté qu’entre les 6 juin et 6 juillet derniers, environ 40 000 personnes sont arrivées à Dadaab au Kenya, près de la frontière somalienne, en quête d’aide humanitaire et de sécurité; trois camps de réfugiés ont été érigés, abritant plus de 380 000 personnes.

Le Dr James Maskalyk, médecin canadien de retour de Dadaab, présent au concert, a témoigné que «les camps désormais complets, forçent des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés à s’installer en périphérie dans le désert.»

«Les familles y vivent dans des conditions extrêmement difficiles, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau, aux abris et à l’hygiène.»
www.msf.ca

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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