Les 3 exils de Christian E. au TfT: se perdre dans son propre pays

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Publié 20/11/2012 par Guillaume Garcia

De son village natal de McKendrick à Montréal en passant par Moncton, Christian Essiambre s’est perdu, tant géographiquement que personnellement. De son parcours, il a en a tiré une pièce de théâtre, écrite à quatre mains avec Philippe Soldevila. Parti du Nouveau-Brunswick où sa carrière battait son plein pour s’en aller à Montréal, Christian Essiambre a traversé une longue période de disette artistique avant de se retrouver, avec Les 3 exils de Christian E. Produite par le Théâtre sortie de secours de Québec et le théâtre de l’Escaouette de Moncton, la pièce sera à Toronto du 28 au 2 décembre prochain au Théâtre français de Toronto.

Artiste polyvalent, Christian Essiambre était «employé 11 mois sur 12 » au moment où il décide de tenter sa chance à Montréal.

«C’est Philippe Soldevila qui a eu l’idée originale. Il m’a appelé alors que mes trucs n’allaient pas bien. Il m’a dit ‘On va écrire sur ta vie. Ton one man show. Il trouvait que j’avais beaucoup d’anecdotes à raconter; je vivais un exil, un drame. C’est un drôle d’exil de partir de la campagne vers les centres», explique le co-auteur, personnage principal de la pièce et comédien.

Parti à 16 ans de McKendrick pour faire du théâtre à Moncton, Christian Essiambre connaît un bon début de carrière. Il joue, entre autres, le personnage Tom Pouce au Pays de la Sagouine et décide de partir à la ville, à Montréal, pour un contrat télé. «Et puis, après le contrat, plus rien», se souvient-il. Il vit alors dans un demi-sous-sol, passe ses journées à jouer aux jeux vidéo et à attendre sa «blonde». Il déprime.

Loin de sa famille, de ses amis, Christian vit son troisième exil, le plus personnel. De McKendrick à Moncton, de Moncton à Montréal, il était question de géographie. Maintenant, il est question de lui-même. Qui est-il? Où va-t-il?

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Pour plaire à l’industrie il tentait en vain de devenir quelqu’un d’autre. «J’essayais de devenir plus Québécois que Québécois. Je parlais comme eux, j’agissais comme eux. Mais je me faisais bouder parce que je n’étais pas Québécois», se rappelle l’Acadien, joint au téléphone par L’Express.

On est toujours l’étranger de quelqu’un, diraient les cyniques.

Quand Philippe Soldevila le contacte, Christian accepte de raconter son histoire. Ils s’attellent, pendant plus d’un an, à écrire la pièce.

Christian, debout, raconte ses anecdotes de village, des partys de Noël aux histoires exagérées, car trop de fois répétées, pendant que Philippe écrit. Au bout d’un moment, les deux hommes parviennent à coucher sur papier plus de 160 p. de textes.

«C’est pas mal tout réel, mais il y a de la fiction», précise Christian Essiambre.

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Alors qu’il racontait son histoire, Christian Essiambre la jouait aussi. «À la fin de l’écriture, le show était déjà monté», s’amuse le comédien.

Finalisé il y a un peu plus de deux ans, le spectacle a été joué à Québec puis à Moncton, où des membres de sa famille n’ont pas manqué de remarquer les quelques exagérations du récit, tous se reconnaissant dans pas mal d’histoires.

La réception est bonne. «Le côté des gens qui quittent leur famille, c’est universel. Ça les ramène à leur propre expérience. L’histoire est aussi très narrative, donc chacun voit ce qu’il veut, son village, ses amis», poursuit Christian Essiambre.

Histoire de voyage, la pièce Les 3 exils de Christian E., navigue entre les accents acadien et québécois, qui en se mélangeant ont donné la langue de Christian. Et lui ont par là même, permis de se retrouver.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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