Lente justice pour nos terroristes

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Publié 02/07/2008 par François Bergeron

Momin Khawaja, ça vous dit quelque chose? Mubin Shaikh? Omar Khadr? Maher Arar?

Maher Arar, bien sûr, est ce Canadien que les autorités américaines ont arrêté en transit à New York en septembre 2002 et renvoyé dans son pays natal, la Syrie, pour y être emprisonné et interrogé brutalement pendant un an. Ce n’est toutefois qu’en septembre 2006 qu’une commission d’enquête l’a blanchi de tout soupçon d’activité terroriste. Au début de 2007, c’était au tour du gouvernement fédéral de s’excuser de la négligence, voire de la complicité, des autorités canadiennes, et de lui offrir plus de 11 millions $ en compensation.

Incidemment, cette participation enthousiaste de la Syrie en tant que tortionnaire contractuel de Washington devrait dissiper tout doute sur son véritable rôle d’ennemi fictif dans la Guerre au terrorisme menée par l’actuelle administration américaine, dont des pans entiers reposent sur le mensonge.

Le nom d’Omar Khadr est lui aussi relativement connu. Ce Canadien de 22 ans, dont le procès doit débuter en octobre prochain, est le seul «combattant ennemi» citoyen d’un pays occidental encore détenu à la prison spéciale de Guantanamo. C’est le plus jeune d’une famille dont plusieurs membres proclament leur haine de l’Occident et leur appui à la guerre sainte islamiste, ce qui ne motive pas notre gouvernement à exiger son retour. Il n’avait que 15 ans quand il a été arrêté en 2001 pendant une escarmouche en Afghanistan où un soldat américain aurait été tué par l’explosion de la grenade qu’il aurait lancée.

Khadr est la plus jeune personne à être accusée de ce type de crime inventé par les Américains pour échapper à la Convention de Genève. L’inaction du gouvernement canadien équivaut à une reconnaissance officielle de cette procédure d’exception; une décision douteuse quand on sait que la prison et les procès de Guantanamo ne survivront sans doute pas à l’élection présidentielle américaine de novembre.

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Mubin Shaikh témoigne présentement à Brampton au procès de l’un des 11 islamistes canadiens accusés de complot visant à bombarder des édifices au centre-ville de Toronto et à décapiter le Premier ministre au Parlement à Ottawa. Shaikh est l’un des informateurs de nos services secrets qui avaient infiltré ce commando terroriste de 18 personnes (7 ont été relâchées) en 2005. On sait qu’il a reçu environ 300 000 $ pour ses services et qu’il n’était pas le seul agent double dans le groupe.

Ce procès commence deux ans seulement après l’arrestation des accusés: un délai raisonnable… comparé aux autres. Celui de Momin Khawaja, qui vient de s’ouvrir à Ottawa, résulte d’une perquisition en 2004 à son domicile. Ce contractuel en informatique du ministère canadien des Affaires étrangères aurait assisté une cellule islamiste qui préparait des attentats en Angleterre.

Son procès représenterait le premier test de la loi anti-terroriste adoptée chez nous dans la foulée des événements du 11 septembre 2001. Jusqu’à maintenant, cependant, dans le cas de Khawaja comme dans celui des 11 campeurs de Brampton, on ne voit pas comment nos lois contre la criminalité traditionnelle n’auraient pas aussi bien fait l’affaire. À suivre donc, en essayant de démêler tous ces noms exotiques. C’est plus facile que d’essayer de comprendre pourquoi notre système judiciaire est aussi lent.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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