L’éducation spécialisée n’est pas un luxe

Élèves en difficulté d’apprentissage

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Publié 20/11/2012 par Annik Chalifour

Dans un jugement unanime rendu le vendredi 9 novembre dernier, la Cour suprême du Canada a déterminé qu’un enfant qui souffrait de dyslexie sévère avait été victime de discrimination puisque son école – en Colombie Britannique – ne lui avait pas fourni des services d’aide suffisants.

Même si cette décision en été rendue en vertu du Code des droits de la personne de la Colombie-Britannique, ses articles sur la discrimination sont très similaires à ceux des lois des autres provinces.

Des parents en Ontario et un peu partout au Canada, pourraient donc invoquer cette décision pour réclamer des services appropriés en milieu scolaire pour leurs enfants.

La discrimination a été établie dans cette cause parce que les services mis en place par l’école n’étaient pas suffisamment intensifs, compte tenu de la gravité des difficultés d’apprentissage de l’enfant.

Lorsqu’il fut estimé que celui-ci avait besoin de services spécialisés intensifs, la commission scolaire, qui traversait des difficultés financières, a fermé son centre de diagnostic avant que l’enfant ne puisse en profiter.

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«La commission n’avait pas tenté de trouver de solutions de rechange ni d’évaluer les coûts d’autres mesures possibles avant de sabrer dans ses services», a blâmé la Cour suprême.

«Des services d’éducation spécialisée adéquats ne sont pas un luxe dont la société peut se passer.»

«Dans le cas des élèves atteints de difficultés d’apprentissage sévères, de tels services servent de rampe permettant de concrétiser l’engagement pris dans la loi envers tous les enfants en Colombie-Britannique, à savoir l’accès à l’éducation», a écrit la juge Rosalie Abella.

Accès à plus de services

«Cette décision de la Cour suprême donne une voie aux parents d’un élève souffrant de dyslexie pour obtenir plus de moyens pour aider leur enfant», selon Anik Gagnon, adjointe à la surintendance au Conseil scolaire Viamonde et ancienne directrice des services aux élèves, contactée par L’Express.

«Ce jugement pourrait avoir un impact en matière de ressources communautaires pertinentes à l’enfance en difficulté. C’est-à-dire le développement et l’accès à davantage de ressources appropriées au palier communautaire», d’ajouter Mme Gagnon.

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En 2010-2011, le Conseil Viamonde avait 956 élèves identifiés comme ayant une difficulté d’apprentissage sur un total de 9980 élèves, soit 10% de ses élèves.

«En Ontario, la dyslexie – trouble d’apprentissage en écriture, en lecture et/ou en numératie, fait partie des anomalies regroupées sous la catégorie ‘difficulté d’apprentissage’», a commenté Mme Gagnon.

En 2009, 43,3% d’élèves en Ontario étaient identifiés comme ayant une difficulté d’apprentissage, selon la Learning Disabilities Association of Ontario. 32 000 enfants recevaient en Ontario des services en enfance en difficulté.

«La situation n’a pas beaucoup changé depuis deux ans, les données des conseils vont dans le même sens que la province», d’indiquer Anik Gagnon.

Dépistage précoce

«Dès l’étape de la maternelle, l’enseignant peut détecter certaines difficultés d’apprentissage qui peuvent se manifester chez un enfant souffrant d’une ou de plusieurs formes de dyslexie», a expliqué Mme Gagnon.

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«Certains signes peuvent révéler la dyslexie dont, entre autres, l’hyperactivité. L’enfant peut aussi avoir des mouvements maladroits, connaître de brusques changements d’humeur, se sentir facilement frustré, mélanger ses mots et avoir de la difficulté à s’en souvenir», cite l’Association franco-ontarienne d’aide aux parents d’enfants atteints de dyslexie (AFPED).

«Mais ce n’est que lorsqu’un certain nombre de ces symptômes apparaissent qu’il existe potentiellement un indice d’un trouble d’apprentissage. Seule une évaluation professionnelle peut déterminer l’existence chez un enfant d’une difficulté d’apprentissage», rappelle l’AFPED.

Évaluation diagnostic

«Suite à l’observation des symptômes associés à un trouble d’apprentissage, on procède à une évaluation diagnostic de l’enfant en collaboration avec l’équipe d’école, soit l’enseignant de l’enfant, l’enseignant-ressource et la direction», a mentionné Mme Gagnon.

À partir des résultats de cette évaluation, une deuxième équipe – l’équipe de soutien -, interviendra afin de développer et d’implanter une stratégie personnalisée selon les besoins spécifiques de l’enfant, c’est-à-dire un plan d’enseignement individualisé.

«Cette équipe comprend la directrice des services aux élèves, la conseillère pédagogique de l’éducation en enfance en difficulté, l’enseignante-ressource, en plus d’une ressource communautaire pertinente selon les cas.»

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Par ailleurs, on peut consulter l’ébauche du plan pluriannuel de l’Enfance en difficulté du Conseil scolaire Viamonde sur son site: www.csviamonde.ca

AFPED

Rappelons que les parents d’enfants atteints de troubles d’apprentissage, dont en particulier la dyslexie, peuvent obtenir du soutien auprès de l’Association franco-ontarienne d’aide aux parents d’enfants atteints de dyslexie (AFPED).

L’AFPED s’applique à fournir aux parents de l’appui «afin que leurs enfants aient les meilleures chances de transformer leur handicap en tremplin vers le succès.»

L’Association diffuse de l’information concernant les différents troubles d’apprentissage sur son site www.afped.ca, offre des ateliers et des conférences, en plus de faire la promotion active de l’éducation en français.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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