Les nouvelles générations, dit-on, vivent uniquement dans le présent, n’ont que faire de l’histoire, n’acceptent que les critiques spontanées, ne retiennent que les explications les plus succintes, cherchent à satisfaire leurs besoins immédiats et ne prévoient rien à long terme. Et si les traditions les déconcertent (souvent avec raison), les jeunes sont aussi réfractaires aux changements (qu’ils comprennent mal) qui peuvent affecter leurs petites habitudes ou leur train de vie.
Le caucus libéral a confirmé, mercredi, le leadership de Michael Ignatieff, après une semaine politique riche en rebondissements, au cours de laquelle Bob Rae s’est retiré de la course après avoir défendu la coalition avec le NPD qui a failli permettre à Stéphane Dion de remplacer Stephen Harper au poste de Premier ministre. Les Libéraux ne pouvaient plus attendre le congrès du printemps: il fallait changer de chef tout de suite! Quelques jours auparavant, on ne pouvait plus attendre le budget du 27 janvier: il fallait renverser les Conservateurs tout de suite pour « stimuler l’économie »!
Ce serait donc tout le Canada qui souffrirait d’un déficit d’attention et d’une impatience pathologique?
Le mot « conservateur » a pris tout son sens lorsque Stephen Harper a demandé à la Gouverneure générale Michaëlle Jean – et obtenu un peu trop facilement – de suspendre les travaux du Parlement jusqu’au budget. Une majorité de Canadiens approuve sans doute ce répit, croyant erronément que la crise politique risquait d’aggraver la crise économique, ou que Stéphane Dion allait en profiter pour s’accrocher au pouvoir indéfiniment, ou que la participation du Bloc québécois serait une abomination.
Le pays profitera de la prorogation du Parlement jusqu’à la fin janvier, mais pas pour les raisons que l’on croit. Sur le front économique d’abord, un nouveau gouvernement libéral-NPD se serait lancé dans des dépenses inconsidérées, inefficaces, voire nuisibles, pour justifier le renversement des Conservateurs.