Prenez un metteur en scène qui rame à contre-courant de l’évidence, huit comédiens sadomasochistes prêts à se faire «flusher» 20 minutes après être montés sur scène, un public qui a le pouvoir – ou qui le croit – de mettre son grain de sel dans l’histoire qu’on lui raconte et vous obtenez votre pièce Théâtre extrême, une vraie fausse course à la chefferie, qui prendra l’affiche du Théâtre français de Toronto à partir du 7 octobre.
Ça faisait longtemps que Jean-Guy Legault cherchait une manière de «brasser le théâtre et renouveler la façon de s’adresser au public». L’idée de faire du théâtre-réalité a frappé à la porte de son esprit vers la fin des années 90, après la vague d’émissions télévisées où le public intervient dans le choix du cheminement de l’intrigue en éliminant les candidats au fur et à mesure. La télé-réalité s’immisçait dans nos vies. «J’étais fasciné par cette tendance», témoigne le metteur en scène.
Il lui a fallu du temps avant de trouver une réponse à la question «Comment utiliser cela dans le théâtre?» Sa vision d’un théâtre classique moribond, conventionnel, où l’on a tendance à infantiliser le public adulte, l’a poussé à explorer toutes les possibilités d’électrochocs avant de finalement opter pour le concept de «party rock» où le public peut influencer le déroulement de la pièce.
Il tenait le concept, ne restait qu’à trouver le thème. Entre l’idée et la première du show, près de six ans s’écouleront.Passionné de politique, lui même fils de politicien, il a puisé son inspiration dans la course à la chefferie au Parti Québécois avec André Boisclair et ce «bordel à l’interne» comme il le dit. La pièce met donc en scène des comédiens qui tentent de convaincre le public qu’ils seront les meilleurs pour mener campagne. Près de 900 pages de textes ont été écrites par Jean-Guy Legault pour parer à toutes les situations possibles et inimaginables, qui représentent près de 450 possibilités de pièces différentes! Le tout sans improvisation! Et oui il y a un truc…
Le metteur en scène a voulu que le public assiste aux scènes de campagnes politiques dont il n’est pas témoin lors des campagnes classiques, c’est à dire les repas d’affaires, les conférences de presses sans caméras…, «des instants privilégiés qu’on aurait le goût de voir, s’amuse t-il, dans une vraie bataille électorale.»
Le spectacle est construit par tableaux. Après chaque situation, le public doit voter pour éliminer un des candidats, qui portent par ailleurs leur vrais noms, afin de vraiment leur faire ressentir ce que subissent les politiciens.