«Le Québec veut renforcer la francophonie canadienne»

Entrevue avec le ministre Benoît Pelletier

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Publié 27/06/2006 par François Bergeron

Le gouvernement du Québec veut participer au renforcement des communautés francophones de l’Ontario et des autres provinces du pays. Une volonté qui a été formellement reconnue le 2 juin dernier par la signature d’un accord Ontario-Québec en matière d’Affaires francophones, a fait valoir le ministre québécois des Affaires intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier, lors d’une entrevue accordée à L’Express le 21 juin.

M. Pelletier présidait en soirée la réception annuelle du Bureau du Québec à Toronto, qui a attiré plus de 300 personnes à Harbourfront, à l’occasion de la «Fête nationale» ( 24 juin).

À titre d’exemple «encore modeste», M. Pelletier mentionne une subvention de 8 000$ à Franco-Fête, qui organisait les festivités de la Saint-Jean-Baptiste à Toronto. Le ministre effectue une tournée des provinces canadiennes où, partout, il rencontre les communautés francophones et propose des moyens de les aider, «dans le respect, bien sûr, de la volonté de chaque juridiction».

«Des comités de suivi de dossiers sont mis sur pied», assure-t-il. C’est ainsi qu’un comité permanent sur la culture a été créé par les gouvernements québécois et ontariens. Son mandat reste à définir plus clairement, reconnaît M. Pelletier, mais il s’agira de mieux diffuser la culture franco-ontarienne au Québec et la culture québécoise en Ontario. «Nous sommes pas des rivaux mais bien des partenaires culturels», déclare-t-il. Il promet aussi que «les Franco-Ontariens seront bien en vue» lors des célébrations du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec par Champlain en 2008. (Champlain, on le sait, s’est rendu jusqu’à la Baie Georgienne, restée une importante région francophone en Ontario.)

«La motivation première, c’est de promouvoir la langue française dans tout le pays», a-t-il déclaré.

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M. Pelletier salue aussi une ère nouvelle de coopération fédérale-provinciale sous le nouveau gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui peut aussi se traduire, selon lui, par des gains pour la francophonie canadienne… Le Québec, reconnaît-on, en fait partie. Dans le passé (lire: sous un gouvernement péquiste, souverainiste), on ne moussait pas forcément l’existence ou le dynamisme d’une francophonie à l’extérieure des frontières du Québec.

«Disons qu’il y a une nouvelle convergence entre les préoccupations du Québec et celles du gouvernement fédéral», explique M. Pelletier, qui se dit particulièrement fier du fédéralisme asymétrique de plus en plus systématiquement pratiqué depuis l’accord sur la santé (sous les Libéraux de Paul Martin) jusqu’aux récentes ententes avec les Conservateurs sur les services de garde et la participation québécoise à l’UNESCO. «C’est la première fois qu’un gouvernement fédéral reconnaît un rôle international au Québec», souligne-t-il.

Cette belle harmonie est toutefois mise à l’épreuve par le débat tant fédéral-provincial qu’inter-provincial sur le déséquilibre fiscal, la péréquation, l’inclusion ou non des ressources naturelles dans le calcul, la distribution des points d’impôts, et d’autres questions d’argent.

M. Pelletier assure que les gouvernements québécois et ontariens continuent de travailler ensemble sur une foule de dossiers (le récent accord sur les Affaires francophones faisait partie d’une série d’une dizaine d’ententes dans autant de domaines d’activité) malgré les désaccords sur le déséquilibre fiscal.

M. Pelletier est un homme occupé: il est aussi ministre de la Francophonie, du Commerce intérieur, de la Réforme des institutions démocratiques, de l’Accès à l’information, et il représente sa région de l’Outaouais au sein du gouvernement de Jean Charest.

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Un juge enquête présentement sur le rôle du chef du Bureau du Québec à Toronto, Jocelyn Beaudoin, dans un scandale de financement de la campagne référendaire fédéraliste alors qu’il était président de l’organisme Option Canada. M. Pelletier attend le rapport du juge avant de prendre une décision sur le sort de M. Beaudoin, qui a quitté ses fonction pour la durée de l’enquête.

C’est le conseiller politique Ghislain Beaudin qui, depuis quelques mois, assure l’intérim à Toronto.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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