Jean Charest n’a jamais été aussi impopulaire. Chef du Parti libéral du Québec depuis 1998, premier ministre depuis 2003, les petits et les gros problèmes s’accumulent: des allégations de corruption font régulièrement les manchettes; le gouvernement est incapable d’équilibrer son budget malgré un niveau de taxation punitif; les cols bleus de Montréal sont plus souvent en grève qu’au travail; décider où construire un hôpital ou une autoroute prend des années; demander à une immigrante de retirer son voile dans un cours de formation nécessite des démarches extraordinaires; le système de santé est une source inépuisable d’histoires d’horreur; trop de jeunes décrochent de l’école… où ils n’apprennent plus rien de toute façon…
Bon, on exagère. Si on compare le Québec à d’autres juridictions nord-américaines ou européennes, ça ne va pas si mal: l’Ontario aussi est dans le rouge; les États-Unis traversent une crise sociale plus profonde (et sont dans le rouge eux aussi); dans certains pays européens c’est carrément une crise d’identité (et ils sont encore plus dans le rouge).
Mais normalement, l’actuelle chef du Parti québécois, Pauline Marois (battue de justesse en 2008), devrait profiter du mécontentement et trôner au sommet des sondages. Or, c’est loin d’être le cas, et au lieu de se serrer les coudes et de jeter les bases de leur prochaine administration, les péquistes s’entredéchirent sur la place publique.
Le Canada anglais ne faisant rien pour se faire remarquer, les deux-tiers des Québécois ne veulent pas d’un troisième référendum sur la souveraineté, la raison d’être du PQ. À gauche, des jeunes contestent déjà le leadership de Mme Marois. À droite, deux anciens ministres menacent de lancer un nouveau parti politique, qui pourrait s’appeler Force Québec, inspiré du manifeste Pour un Québec lucide de l’ex-premier ministre Lucien Bouchard.
L’Action démocratique du Québec, le parti nationaliste conservateur rural qui a connu son heure de gloire en 2007 en faisant élire 41 députés à l’Assemblée nationale, s’est effondrée, perdant 34 sièges en 2008. Deux chefs et plusieurs défections plus tard, on s’interroge sérieusement sur son avenir.