Dans ma plus récente chronique, il était question de Noël. De l’origine du mot, de son emploi dans des expressions, de ses particularités grammaticales. En écrivant cette chronique, je me suis soudainement demandé d’où pouvait bien venir ce tréma qu’on dépose sur le «e» de «Noël».
Après tout, le tréma n’est pas un signe diacritique très fréquent dans la langue française. Et «Noël» est certainement le mot le plus connu parmi ceux qui ont cette particularité d’avoir une lettre accentuée d’un tréma.
Voyons d’abord d’où nous vient ce mot curieux, à consonance vaguement italienne mais qui pourtant nous vient du grec. Le mot, tel qu’il s’écrit aujourd’hui, est apparu dans la langue française en 1762 comme nom, mais était déjà accepté comme adjectif depuis 1680. Pourquoi comme adjectif? Parce que dès le début du dix-septième siècle, on avait déjà l’expression points trematz pour désigner ces deux petits points curieux.
Le mot est emprunté au grec trêma, trêmatos, qui signifie orifice, trou ou ouverture, plus particulièrement lorsqu’on voulait désigner les points gravés sur un dé. Le nom grec en question est lui-même dérivé d’un verbe, titran, qui signifie trouer, percer.
Le Dictionnaire historique de la langue française de Robert nous dit que le mot a été emprunté par les imprimeurs de la Renaissance avec le sens figuré: signe de deux points que l’on place sur une voyelle. Dans le dictionnaire Richelet (vers 1680), on disait: e, i, u trêma. Puis, aux dix-huitième siècle, on voit apparaître le nom: un tréma. Avec l’accent aigu au lieu de l’accent circonflexe. D’usage technique jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, le mot est devenu usuel, avec le sens étymologique de trou.