Est-il encore temps d’attribuer à quelqu’un d’autre le Prix Nobel de la Paix 2009? Le président Barack Obama va aller chercher son prix à Oslo le 9 décembre, stoppant aussi à Copenhague, juste à côté, pour saluer la conférence internationale sur l’Apocalypse et y présenter des cibles de réductions des gaz à effet de serre encore plus modestes que celles de Stephen Harper.
Obama, qui a été élu en raison, entre autres, de son opposition de la première heure à l’invasion de l’Irak et de sa volonté de mener autrement la «guerre au terrorisme», a annoncé la semaine dernière l’envoi en Afghanistan de 30 000 soldats supplémentaires censé éradiquer les talibans, al-Qaìda (Oussama ben Laden?) et sécuriser ce pays (et le Pakistan voisin) d’ici l’été 2011.
Ces objectifs officiels sont si fantaisistes qu’on en cherche d’autres, secrets ou inavouables. Peut-être le président américain a-t-il repoussé la vraie décision à 2011 pour donner à ses alliés et aux nations de cette région une vingtaine de mois pour s’organiser avant l’inévitable retrait, dont les modalités restent à déterminer.
Sinon, la lucidité dont il faisait preuve jusqu’à maintenant – qui ne justifiait pas encore le Nobel mais qui était encourageante – l’a déserté. Il céderait bêtement aux pressions du lobby militaire et laisserait passer une occasion en or de retirer toutes les troupes américaines de ce bourbier dont la valeur stratégique a toujours été douteuse.
Rappelons que l’intervention américaine en Afghanistan avait été motivée, en 2001, par le refus du gouvernement taliban de permettre aux Américains d’attaquer les camps d’entraînement d’al-Qaïda après les attentats du 11 septembre. Ces camps étaient symboliques puisque les auteurs des attentats ont préparé leur coup en Allemagne et aux États-Unis, pas en Afghanistan. On aurait très bien pu s’en tenir à une destruction punitive de ces sites et du gouvernement taliban sans se mêler d’occuper tout le territoire et de vouloir y instaurer la démocratie.