Le pacifiste de l’année s’en va-t-en guerre

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Publié 03/12/2009 par François Bergeron

Est-il encore temps d’attribuer à quelqu’un d’autre le Prix Nobel de la Paix 2009? Le président Barack Obama va aller chercher son prix à Oslo le 9 décembre, stoppant aussi à Copenhague, juste à côté, pour saluer la conférence internationale sur l’Apocalypse et y présenter des cibles de réductions des gaz à effet de serre encore plus modestes que celles de Stephen Harper.

Obama, qui a été élu en raison, entre autres, de son opposition de la première heure à l’invasion de l’Irak et de sa volonté de mener autrement la «guerre au terrorisme», a annoncé la semaine dernière l’envoi en Afghanistan de 30 000 soldats supplémentaires censé éradiquer les talibans, al-Qaìda (Oussama ben Laden?) et sécuriser ce pays (et le Pakistan voisin) d’ici l’été 2011.

Ces objectifs officiels sont si fantaisistes qu’on en cherche d’autres, secrets ou inavouables. Peut-être le président américain a-t-il repoussé la vraie décision à 2011 pour donner à ses alliés et aux nations de cette région une vingtaine de mois pour s’organiser avant l’inévitable retrait, dont les modalités restent à déterminer.

Sinon, la lucidité dont il faisait preuve jusqu’à maintenant – qui ne justifiait pas encore le Nobel mais qui était encourageante – l’a déserté. Il céderait bêtement aux pressions du lobby militaire et laisserait passer une occasion en or de retirer toutes les troupes américaines de ce bourbier dont la valeur stratégique a toujours été douteuse.

Rappelons que l’intervention américaine en Afghanistan avait été motivée, en 2001, par le refus du gouvernement taliban de permettre aux Américains d’attaquer les camps d’entraînement d’al-Qaïda après les attentats du 11 septembre. Ces camps étaient symboliques puisque les auteurs des attentats ont préparé leur coup en Allemagne et aux États-Unis, pas en Afghanistan. On aurait très bien pu s’en tenir à une destruction punitive de ces sites et du gouvernement taliban sans se mêler d’occuper tout le territoire et de vouloir y instaurer la démocratie.

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La menace de représailles ponctuelles aurait pu et pourrait encore dissuader tout gouvernement ennemi d’abriter des terroristes.

Mentionnons que l’envoi de ces renforts coûtera 30 milliards $, soit 1 million $ par soldat. Ce n’est peut-être qu’une petite dépense s’ajoutant à la dette américaine de 10 ou 12 trillions $… Mais pour commencer un jour à soulager les finances publiques et rembourser ces dettes périlleuses, le budget de la Défense, déjà insensé avant 2001, hors de contrôle aujourd’hui, devra être mis à contribution.

Sinon, 30 milliards $ par ci, 40 milliards $ par là (la récente augmentation des prestations d’assurance-chômage), des dizaines ou des centaines d’autres milliards coulés dans l’arnaque climatique, sans compter le trillion (ou deux) pour un nouveau système d’assurance-santé, ça va continuer de s’additionner jusqu’à ce que les créanciers des Américains perdent patience.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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