Le libre-échange avec la Corée inquiète l’Ontario

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Publié 11/03/2014 par Radio-Canada et L'Express

Le gouvernement ontarien presse Ottawa de renforcer l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud, afin de mieux protéger son importante industrie automobile.

Lundi, le premier ministre canadien, Stephen Harper, a annoncé à Séoul, en compagnie de son homologue coréen, la conclusion de l’entente, après neuf ans de négociations.

Or, l’Ontario craint que cet accord ne mène à une augmentation subite et marquée des importations de véhicules coréens, des constructeurs Kia et Hyundai par exemple.

«La province et le secteur automobile n’ont cessé d’affirmer que, sans mesures de protection adéquates, cet accord introduit des règles du jeu inégales entre les fabricants d’automobiles sud-coréens et canadiens», a déclaré Eric Hoskins, le ministre ontarien du Développement économique.

M. Hoskins appréhende que la période d’élimination des tarifs douaniers acceptée par le gouvernement fédéral «ne donne pas à notre secteur le temps dont il a besoin pour s’adapter».

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Le Canada a accepté d’éliminer d’ici trois ans le tarif douanier de 6,1% qu’il imposait aux véhicules légers sud-coréens. L’Ontario demandait que ces tarifs soient estompés sur la plus longue période possible. Les États-Unis avaient obtenu cinq ans, l’Union européenne sept.

En revanche, les Conservateurs fédéraux soulignent que Séoul a accepté de supprimer ses tarifs douaniers pour les produits automobiles canadiens dès l’entrée en vigueur de l’accord.

Le ministre Hoskins est aussi «déçu» du fait qu’Ottawa n’a pas pu négocier une «disposition de rétablissement», comme celle obtenue par les États-Unis, qui lui aurait permis de rétablir des tarifs douaniers dans le cas où la Corée du Sud imposerait des «barrières déguisées», telles que des normes de sécurité extraordinaires pour les véhicules assemblés au Canada.

Perte de 30 000 emplois?

De son côté, Jerry Dias, le président national du syndicat Unifor, qui représente notamment les travailleurs de l’auto en Ontario, appréhende la perte de 30 000 emplois dans le secteur manufacturier, en particulier celui de l’automobile.

«Ils [les Conservateurs à Ottawa] donnent toujours la priorité à l’Alberta plutôt qu’au secteur manufacturier ontarien. Ils s’occupent toujours de leurs partisans là-bas», accuse-t-il.

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Les constructeurs d’automobiles et leurs fournisseurs de pièces emploient 93 000 personnes en Ontario. Près de 500 000 emplois indirects dépendent par ailleurs de cette industrie. Les trois grands constructeurs automobiles nord-américains, GM, Chrysler et Ford, ont déjà fait part de leurs craintes face à un accord de libre-échange avec la Corée du Sud.

En revanche, le ministre Hoskins affirme que l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud «contient des mesures positives qui ouvriront de nouveaux marchés à divers secteurs, notamment ceux de l’agriculture et de la transformation des aliments».

La province est présentement désavantagée de ce côté puisqu’elle fait concurrence à des producteurs américains et européens qui, eux, ont déjà une entente de libre-échange avec la Corée.

Les producteurs de porcs et de boeufs de l’Ontario espèrent ainsi faire une percée dans un nouveau marché.

Conflit Nord-Sud

La signature du traité coïncide avec le 50e anniversaire ds relations diplomatiques entre le Canada et la Corée du Sud. «Nous nous engageons à compléter sans tarder l’examen juridique ainsi que nos procédures obligatoires respectives afin que l’Accord puisse entrer en vigueur le plus tôt possible», a dit Stephen Harper.

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Selon lui, l’Accord «libérera le plein potentiel de nos relations économiques et jettera les bases d’une ère nouvelle marquée par des relations bilatérales mutuellement profitables».

Faisant référence à l’inconfortable voisin nord-coréen, le premier ministre canadien a souligné «notre désir d’instaurer une paix et une stabilité durables dans la péninsule coréenne, comme le prévoit le Processus d’instauration de la confiance lancé par la Présidente Park Geun-hye».

La Canada «exhorte la Corée du Nord à renoncer à toutes ses armes nucléaires ainsi qu’à ses programmes nucléaires et de missiles balistiques existants, y compris son programme d’enrichissement de l’uranium, d’une façon complète, vérifiable et irréversible».

Le Canada souhaite «l’unification pacifique de la péninsule coréenne selon les principes de démocratie libre et de l’économie de marché, ce qui assurera un meilleur avenir à tous les Coréens».

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