Le iShow, du théâtre 2.0

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Publié 06/08/2013 par Guillaume Garcia

Mettez dans une pièce une quinzaine de comédiens, auteurs, scénographes, un bon mentor en la personne de Claude Poisson, et demandez-leur de «créer» sur le thème des réseaux sociaux.

Il se peut que vous n’arriviez à rien. Mais il se peut aussi que cela donne Le iShow.

Présenté par la troupe montréalaise Les Petites Cellules Chaudes au festival SummerWorks de Toronto, du 8 au 18 août, Le iShow se trouve entre la pièce de théâtre et la performance.

Chaque soir, les comédiens se mettent en danger devant le public et leurs rencontres virtuelles. Chacun devant un écran d’ordinateur, ils mettent en scène l’univers des réseaux sociaux, où nous mettons nos vies en scène.

Parmi la quinzaine d’artistes qui ont participé au stage de création intitulé Le devoir de création et les joies du péril, Laurence Dauphinais, diplômée de l’École nationale de théâtre, a bien voulu nous parler un peu plus des expérimentations qui ont conduit à la création du iShow.

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Tâtonnements

«On avait vraiment des devoirs à faire tous les soirs, il fallait travailler à l’écriture, à la mise en scène, à la réalisation. À la fin du stage, on s’est divisé en deux groupes et on a présenté deux mini-pièces», explique-t-elle.

Le matériel leur semble vraiment bon, et ils décident de pousser plus loin le travail sur le projet.

«Toutes les réflexions de créations sont fertiles, mais là c’était au-delà de ça. Il y avait des choses présentables devant public. Mais est-ce que ce thème pouvait devenir théâtral, c’est ce qui nous a semblé intéressant et on s’est donné un autre six mois d’exploration», poursuit Laurence Dauphinais, comédienne et co-directrice du spectacle.

À force de tâtonner, de multiplier les expériences, la troupe s’est constitué énormément de matériel, qu’elle a ensuite jeté, pour garder un contenu plus éthéré.

«Le secret, ça a été le temps. Il y a tellement de matière de base qui est riche et variée qu’il faut tester pour voir ce qui marche», dit la comédienne, qui joue également dans le téléroman L’Auberge du chien noir.

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Réseaux sociaux

Entre YouTube, Chatroulette, Gazoocam, Facebook et tous les autres réseaux sociaux, il a fallu savoir garder le meilleur. Mais alors, qu’est-ce qui est si intéressant sur dans le monde virtuel, au-delà du fait qu’on puisse tomber sur n’importe qui n’importe quand?

«On s’est aperçu qu’aller dans le récit ce n’était pas forcément intéressant dans le cadre du spectacle. On veut arriver le plus possible à la rencontre, voir ce qui nous dérange dans le côté voyeur. On utilise aussi beaucoup de matière qu’on trouve dans la sphère publique, et qu’on transforme en objet poétique», développe Laurence Dauphinais.

En fil rouge, pendant le spectacle, les comédiens tchatent avec des inconnus sur des sites de rencontre, comme le célèbre Chatroulette, où l’on zappe de rencontre en rencontre en un clic. Comble du voyeurisme volontaire, ce site nous plonge, webcam à l’appui, dans la vie d’une autre personne, elle-même devant son écran.

Certaines choses sont programmées dans le spectacle, mais une bonne partie reste «improvisée». Chacun devant leurs écrans, ils se créent une vie virtuelle et interagissent avec d’autres personnes. Le contenu le plus pertinent est projeté sur trois écrans géants situés au-dessus de la troupe.

«C’est beaucoup de logistique, d’écrans, de switchers. Il y a des moments où on se lance dans des numéros qui peuvent échouer», avance Laurence Dauphinais.

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Acteurs locaux

Programmé en 2012 au OFFTA, un événement en marge du Festival Transamérique, Le iShow s’est fait connaître au printemps 2013 à l’Usine C à Montréal.

À Toronto, au Factory Theatre Mainspace (Bathurst & Adelaide), le spectacle sera encore une fois un peu différent puisque pour la première fois, les comédiens du iShow travaillent avec des acteurs locaux.

«On sera sept de Montréal, et cinq de Toronto. Le spectacle sera en anglais, mais avec un peu de French Touch!», rassure la comédienne.

Tous ceux qui traînent sur les sites de tchat sont prévenus: du 9 au 19 août, il se peut que vous finissiez malgré vous sur les grands écrans du iShow!

Renseignements

http://summerworks.ca/2013/

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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