Le théâtre français de Toronto a fait bonne pioche en choisissant de présenter au public Le Filet, première pièce de l’auteur acadien Marcel-Romain Thériault. Lors de la première du vendredi 6 février, le public s’est levé pour applaudir pendant de longues minutes les comédiens. Une intrigue bien ficelée, des personnages forts et attachants, la recette paraît évidemment bien simple mais toujours faut-il savoir pour doser parfaitement tous ces petits ingrédients. La fable acadienne ancrée dans le terroir et la vie des pécheurs a brillamment franchi le cap de la péninsule se retrouver sur les planches du TfT.
Étienne revient dans la péninsule acadienne, chez son grand-père, après avoir achevé ses études de commerce à Montréal. Les circonstances de son retour sont quelque peu surprenantes, il est accompagné par son mononcle, qui a été le chercher au Mexique. Si la famille d’Étienne compte parmi les plus riches de la péninsule, le jeune diplômé a des envies de partage, ne jure que par le développement durable, l’écologie et les projets altermondialistes.
Il manifeste lors d’une marche «pacifique», au Mexique lorsqu’il est arrêté par la police locale. Il apprend dès son retour au pays que les raisons de sa libération ne sont pas très louables et le ton monte entre lui et son oncle, Léo, qui a été le trouver et l’a ramené par bateau. Le temps de poser ses valises, les échanges amers pleuvent pendant qu’Étienne prend connaissance de tout ce qui a changé au bercail depuis son départ pour Montréal, sept ans auparavant.
Orphelin, Étienne est issu d’une lignée de pécheurs possédant un crabier que Léo dirige depuis le décès de son frère Lionel, père d’Étienne. Rapidement l’intrigue tourne autour de ce crabier, du «cash» qu’il dégage et de l’avenir de la profession, donc, intrinsèquement de la famille et de ses richesses. Anthime, le grand-père, veuf va devoir la jouer fine pour parvenir à ses objectifs qui sont de relancer l’activité de pèche au crabe, de posséder une usine et de placer son petit-fils à la tête du crabier, que Léo s’est peu à peu approprié. Pari difficile compte tenu du caractère de Léo, veuf également. La famille Chiasson, décimée par les disparitions brutales de toutes les femmes s’est mue en un triangle d’hommes rugueux et introvertis ne sachant pas communiquer entre eux sans s’emporter.