Le Filet au TfT: une histoire de famille

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Publié 10/02/2009 par Guillaume Garcia

Le théâtre français de Toronto a fait bonne pioche en choisissant de présenter au public Le Filet, première pièce de l’auteur acadien Marcel-Romain Thériault. Lors de la première du vendredi 6 février, le public s’est levé pour applaudir pendant de longues minutes les comédiens. Une intrigue bien ficelée, des personnages forts et attachants, la recette paraît évidemment bien simple mais toujours faut-il savoir pour doser parfaitement tous ces petits ingrédients. La fable acadienne ancrée dans le terroir et la vie des pécheurs a brillamment franchi le cap de la péninsule se retrouver sur les planches du TfT.

Étienne revient dans la péninsule acadienne, chez son grand-père, après avoir achevé ses études de commerce à Montréal. Les circonstances de son retour sont quelque peu surprenantes, il est accompagné par son mononcle, qui a été le chercher au Mexique. Si la famille d’Étienne compte parmi les plus riches de la péninsule, le jeune diplômé a des envies de partage, ne jure que par le développement durable, l’écologie et les projets altermondialistes.

Il manifeste lors d’une marche «pacifique», au Mexique lorsqu’il est arrêté par la police locale. Il apprend dès son retour au pays que les raisons de sa libération ne sont pas très louables et le ton monte entre lui et son oncle, Léo, qui a été le trouver et l’a ramené par bateau. Le temps de poser ses valises, les échanges amers pleuvent pendant qu’Étienne prend connaissance de tout ce qui a changé au bercail depuis son départ pour Montréal, sept ans auparavant.

Orphelin, Étienne est issu d’une lignée de pécheurs possédant un crabier que Léo dirige depuis le décès de son frère Lionel, père d’Étienne. Rapidement l’intrigue tourne autour de ce crabier, du «cash» qu’il dégage et de l’avenir de la profession, donc, intrinsèquement de la famille et de ses richesses. Anthime, le grand-père, veuf va devoir la jouer fine pour parvenir à ses objectifs qui sont de relancer l’activité de pèche au crabe, de posséder une usine et de placer son petit-fils à la tête du crabier, que Léo s’est peu à peu approprié. Pari difficile compte tenu du caractère de Léo, veuf également. La famille Chiasson, décimée par les disparitions brutales de toutes les femmes s’est mue en un triangle d’hommes rugueux et introvertis ne sachant pas communiquer entre eux sans s’emporter.

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Anthime a vieilli, il éprouve de plus en plus de difficulté à gérer son fils Léo, qui joue de sa force et de son rôle de garant du «business» pour mener ses petites affaires dans son coin en espérant devenir un jour le seul maître à bord. Le retour d’Étienne contrarie les plans de Léo, qui ne se gêne pas pour le lui faire savoir. Le triangle intergénérationel n’est pas loin d’en venir aux mains plusieurs fois et il faut tout l’amour et la patience de Anthime pour éviter les dérapages. Les secrets sont déballés et le linge sale est lavé en famille.

Il faut largement reconnaître la finesse d’écriture de Marcel-Romain Thériault qui, dans sa pièce Le Filet, nous plonge dans un univers familial sombre, miné par les décès et l’orgueil des membres qui restent, sans jamais tomber dans le mélodrame Le final prend aux tripes et jamais on ne peut vraiment savoir ce qui va advenir des personnages. Un très bon huis-clos qui se déroule en temps réel sans que l’intrigue en souffre et qui s’appuie sur une prestation sans faille des comédiens.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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