Le 13 juillet dernier, la Cour fédérale a ordonné à Air Canada de s’excuser et de payer 12 000 $ à un homme d’Ottawa, Michel Thibodeau, qui n’avait pas pu être servi en français à huit reprises à bord de trois vols vers les États-Unis au printemps 2009. C’est la deuxième fois qu’Air Canada doit s’excuser et compenser ce même passager, qui avait poursuivi la compagnie aérienne pour son service unilingue anglais sur un vol Ottawa-Montréal en 2000.
La nouvelle a fait du bruit dans les médias canadiens-anglais («Un 7up de 12,000 $», a-t-on titré, en référence au fait que ce passager avait notamment demandé cette boisson à l’agente de bord). L’affaire y a aussi suscité nombre d’éditoriaux et de commentaires, presque tous négatifs.
Dans les médias québécois francophones, où l’article est passé modestement dans les pages intérieures, Michel Thibodeau a reçu quelques accolades pour son opiniâtreté face à ce problème qui n’est pas nouveau.
Les anciennes sociétés d’État comme Air Canada et Via Rail sont tenues de continuer d’offrir leurs services en anglais et en français. Chez Air Canada, on se plaint parfois que cela rend la compagnie moins compétitive face à ses concurrents. On a raison: toutes les compagnies aériennes desservant le territoire canadien devraient être tenues d’offrir leurs services dans les deux langues officielles du pays.
Ce ne sont donc pas encore tous les Canadiens qui ont compris que le bilinguisme officiel est le prix (plutôt un investissement) à payer pour un pays uni, et que les réformes en ce sens, initiées sous Pierre Elliott Trudeau, ont de fait réussi à opposer au nationalisme québécois quelques raisons de croire à une évolution du Canada vers quelque chose dont on pourrait un jour être fier. Ce vague espoir a contribué aux victoires du non aux référendums de 1980 et de 1995.