Le Dieu du carnage envahit Toronto

La célèbre pièce de Yasmina Reza présentée au TfT

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Publié 11/10/2011 par Guillaume Garcia

Deux enfants qui se chamaillent, avec un des deux qui reçoit un coup n’a rien d’un événement. Mais lorsque les parents s’en mêlent et en arrivent à une violence verbale qui surpasse la petite violence physique des enfants, voilà qui devient intéressant. Yasmina Reza, célèbre auteure française, s’est emparée du sujet dans sa pièce Le Dieu du carnage , en montrant comment deux familles qui se veulent civilisées et courtoises peuvent aller très loin dans l’hypocrisie et la violence verbale quand il s’agit de défendre sa progéniture. La pièce sera présentée au Théâtre français de Toronto du 19 octobre au 5 novembre prochains.


«Ce sont deux couples qui se rencontrent pour discuter d’une altercation parce qu’un enfant s’est fait casser deux dents. C’est très civilisé et au début ils veulent juste faire une déclaration, se rencontrer pour s’excuser et régler la chose.


Mais très rapidement on vire à la défensive et en tant que parent on veut protéger son enfant, on ne veut pas se sentir jugé», explique Colombe Demers, qui joue Véronique, la mère de l’enfant «battu».


Le Dieu du carnage s’amuse à jouer avec les nerfs des spectateurs, en ne marquant pas nettement le début du conflit entre parents, ce qui fait que l’on se demande toujours où a vraiment commencé la dispute, et surtout qui a commencé.


«Ce qui est intéressant, ce sont les prémisses. Le plaisir est justement de voir comment ça chemine et comment ça se résout, ou pas», poursuit Tara Nicodemo, Annette, la mère de l’enfant qui a tapé son camarade.


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Toutes les deux sont accompagnées de Christian Laurin et d’Olivier L’Écuyer pour compléter le quatuor. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. La pièce possède une musicalité précise que les comédiens se doivent de respecter, comme un ensemble musical.


Parfois un des personnages prend les devants et joue son solo avant que les autres n’embarquent et que ce soit au tour du suivant de faire jouer sa partition sous les projecteurs.


«Le texte est vraiment bien écrit, ce n’est pas souvent que l’on a la chance de travailler sur un tel texte. Notre travail c’est juste de prendre du plaisir à jouer», précise Tara Nicodemo.


Sur la dynamique de groupe, elle dit: «On a tous l’impression que notre personnage est le plus honnête. Au bout du compte il y a peut-être un personnage qui fait plus grincer que les autres.»


Dans ce jeu à quatre, les alliances vont se faire et se défaire à mesure que la pièce et la mésentente avancent. Que ce soit entre femmes, ou entre hommes, ou encore entre couple, la synergie est souvent brisée par les rancoeurs pré-existantes.


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Anecdote amusante, tous les comédiens avaient reçu la mauvaise indication pour leur rôle et ont donc pu voir ce que serait leur personnage s’ils avaient dû jouer leur rôle de départ.


«Du coup on peut s’imaginer défendre l’autre bord, être dans la peau de l’autre personnage», avance Colombe Demers.


Issus d’un milieu bourgeois parisien qui n’a pas l’habitude de faire des vagues, les deux couples en deviennent véritablement des sauvages lorsqu’on en vient à la famille.


«Il y a vraiment le thème de la meute. La différence de comportement seul et en groupe», poursuit la comédienne. La dispute verbale montre crescendo tout au long de la pièce et une bonne partie du travail des comédiennes, toutes deux Canadiennes, a été de comprendre à quel moment, et de quelle manière il fallait s’engueuler, vu que la pièce a été écrite par une Française.


«Ici, ça prendrait des mois à régler. C’est mal vu d’exposer ses arguments et de vouloir avoir raison», réfléchit Colombe Demers. «Yasmina Reza a une façon très subtile d’exposer l’hypocrisie de ce monde. La pièce pourrait exister partout, mais il faudrait l’adapter.»


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Oliver L’Écuyer, Michel, le père de l’enfant qui s’est fait taper, aime bien le côté «façade qui craque», de la pièce de Yasmina Reza.


«Les quatre personnages sont vraiment très différents, bien définis. Le mien retrouve les instincts de son travail. Le service à la clientèle est sacré!»


Au Berkeley Street Theatre du 19 octobre au 5 novembre.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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