Guy Mignault précise dans son mot au public qu’il a voulu présenter la pièce Le Dieu du Carnage au TfT à l’instant où il l’a lue. Et bien, il a eu raison a-t-on envie de dire! Appuyé par une distribution très crédible dans la peau de petits bourgeois parisiens, Le Dieu du carnage sera sans aucun doute un des grands succès de l’année pour le TfT. Comment est l’homme quand la civilisation, tel un pansement usagé, se décolle pour laisser apparaître le pus et les blessures? Vous avez jusqu’au 5 novembre pour découvrir la vision de Yasmina Reza, mise en scène par Diana Leblanc.
Dans un décor de salon parisien, deux couples, bien sous toutes les coutures, s’apprêtent à régler un petit différent. Leurs enfants respectifs ont eu une altercation et l’un des deux a frappé l’autre armé d’un bâton. «Armé»? Les mots pèsent lourd et chaque faux pas rapproche un peu plus du carnage.
Véronique, mère de la victime, écrivaine et défenseure de causes humanistes, tente une approche psychologique pour conscientiser les parents à conscientiser leur fils, le «bourreau» pourrait-on croire.
De l’autre côté, Annette essaie d’apaiser la situation que son mari a vite fait d’envenimer. Avocat pour un laboratoire pharmaceutique, il veut résumer l’incident en simple épisode de jeunesse. Deux garçons qui se chamaillent dans un parc, l’un des deux perd deux dents, rien de quoi en faire un drame. Accroché à son téléphone, tentant de résoudre une affaire de gros sous avec ses collègues de bureau, son cynisme tend à faire plier le roseau de la bienséance qui ne demande qu’à se briser sous le poids de la mauvaise foi. La dispute éclate finalement, sans qu’on sache vraiment quel est l’élément déclencheur. De calme, la réunion devient agitée et les mots plus âpres.