Les États-Unis ont répondu à une crise provoquée par un endettement inconsidéré par… un endettement encore plus lourd. À court terme, on limite les dégâts et on donne au gouvernement un peu de temps pour mettre en place une nouvelle réglementation devant garantir une certaine transparence des marchés financiers. À long terme…
Un trillion égale mille milliards, c’est-à-dire mille fois mille millions. Ce sont là des chiffres difficiles à imaginer mais qu’on entend de plus en plus et qu’il nous faudra comprendre.
Ces dernières semaines, le gouvernement américain, dont la dette dépasse les 9 trillions $ et à qui les guerres en Irak et en Afghanistan coûtent 12 milliards $ par mois, ont nationalisé environ 1 trillion $ de mauvaises créances des géants ruinés de Wall Street, de Bear Stearns à Lehman Brothers et de Merrill Lynch à AIG en passant par Freddie Mac et Fannie Mae.
Les plans de sauvetage se suivent et fracassent de nouveaux records. Chaque fois, ils sont qualifiés d’ultimes et d’exceptionnels. Le dernier est évalué à 700 milliards $ (mais pourrait atteindre à lui seul 1 trillion $ si l’examen des comptes révèle une incurie pire que celle qu’on connaît déjà). Comme dans l’affaire des «savings and loans» sous Bush père, le prochain gouvernement réussira à revendre (à pertes) certains des actifs nationalisés et à récupérer une partie des dettes contractées en garantissant les prêts les plus douteux des institutions financières en difficulté.
Dans le cas de la Federal Home Loan Mortgage Corporation (FHLMC, «Freddie Mac») et de la Federal National Mortgage Association (FNMA, «Fannie Mae»), qui étaient déjà des institutions para-gouvernementales garantissant plus de la moitié des prêts résidentiels américains (dont les fameux «subprimes», ces hypothèques quasiment sans intérêt consenties littéralement à n’importe qui), soit quelque 5 trillions $, il s’agissait d’éviter une faillite qui aurait compromis toute l’industrie du crédit.